Après avoir identifié des schémas inconscients qui me poussaient à me plier aux désirs et aux volontés des autres personnes et de l’algorithme, j’ai eu d’autres révélations, moins fortes, mais toutes aussi vraies.
La fin des relations virtuelles
J’ai appris que peu importe le temps passé à échanger avec certaines personnes, nombre de relations virtuelles ne débouchent sur rien dans la réalité. Malgré les prises de contact en dehors des réseaux sociaux et le partage de mon souhait d’arrêter ces plateformes, tout s’est très vite arrêté. Comme je le disais dans mon premier article, pour beaucoup, on disparaît dès lors qu’on n’existe plus sur les réseaux. Notre valeur est souvent corrélée à son nombre d’abonnés, même si ce chiffre, aisément falsifiable, ne signifie rien. Il suffit de voir la hausse des « faux abonnés », achetés sur des sites illégaux, qui n’hésitent plus à tromper l’algorithme pour ne pas se faire repérer.
L’incitation à la bienveillance et à l’acceptation de l’autre n’a aucun fondement, puisque les gens sont jugés sur d’autres facteurs.
Un gain de temps considérable
Aussi, et cela tombe sous le sens, je me suis libéré du temps. Pas tant que ça, du moins au départ. Lorsqu’on se retrouve avec plusieurs heures chaque jour, autrefois occupées par des sessions de scroll, difficile de savoir quoi en faire. C’est pourquoi je me suis remis aux jeux-vidéos. Mais remplacer un divertissement par un autre n’est pas un choix qui me satisfait. Comme le dit si bien Cal Newport, mettre fin à sa présence sur les réseaux sociaux représente « le refus d’un passe-temps à la faveur d’un autre. » J’ai donc appris à m’occuper différemment, en ressortant ma liseuse, en m’offrant le luxe de l’ennui et en choisissant d’écrire dès que possible.
Ce fait est trop souvent mis de côté. Se libérer du temps, c’est bien, mais il faut savoir quoi en faire pour ne pas retomber dans le piège, ou plonger dans un autre. Je pense surtout que l’ennui est décrié, mis au placard, balayé comme un tas de poussière dont il faut à tout prix se débarrasser. L’ennui n’est pas honteux, c’est là que les idées émergent, c’est là qu’on a l’occasion d’échanger avec soi, de nourrir sa propre relation.
Une meilleure concentration
Les réseaux sociaux captent l’attention de leurs utilisateurs. Que fait-on lorsqu’on regarde son écran ? Rien d’autre, mis à part être absorbé dans ce qui défile devant nos yeux.
En retirant la quasi-totalité des sources de divertissement de mon smartphone, je me suis retrouvé à le saisir par habitude, sans savoir quoi afficher, puisqu’il n’y avait plus rien ou presque.
Pour avoir discuté avec d’autres personnes qui ont cessé les réseaux sociaux, presque tous se sont retrouvés à faire défiler d’autres applications. Leurs photos, leurs emails, les actualités, bref, à peu près tout ce qui pouvait défiler. Car nous y sommes habitués, et cela génère de la dopamine, dont notre cerveau raffole.
Il faut se persuader de l’absurdité de la situation pour s’en sortir, pour retrouver le contrôle de sa concentration.
Dans un monde en effervescence et en mouvement permanent, ce sont surtout les écrans qui génèrent ce sentiment. Lorsqu’ils ne sont plus à notre portée, c’est comme si le calme revenait peu à peu, comme si on retrouvait un semblant de quiétude, de paix, ouvrant la possibilité de choisir d’autres activités, d’autres habitudes, plus en lien avec ce qu’on apprécie.
Il ne faut pas croire. Les réseaux sociaux, comme les écrans en général, remplacent des moments qui auraient pu être différents. La simple présence d’un smartphone dans une pièce n’encourage pas la concentration. Chaque notification nous déconnecte, s’immisce en nous, titille notre curiosité, sans qu’on le veuille. Comment réussir à travailler efficacement dans ces conditions ? Il suffit d’observer la qualité de la concentration des personnes qui vous entourent pour vous en rendre compte. Il suffit de s’observer soi, le nombre de fois où l’on saisit et déverrouille son smartphone, pour juger de l’urgence de la situation.
Ce sont les personnes les plus concentrées qui sont les plus efficaces. Ce sont elles qui produisent des résultats sur le long terme. Pas celles qui sont sur-sollicitées de toutes parts sans réussir à se concentrer plus de quelques minutes.
Je n’aime pas les contenus courts. Ils participent à cet appauvrissement de la concentration. Ce sont justement ceux-là qui sont plébiscités et mis en avant, car ils ne demandent aucun effort de la part de ceux qui les regardent. Ces quelques secondes, grappillées par ci par là, anéantissent vos rêves, réduisent le temps passé avec soi, génèrent anxiété, baisse de confiance en soi, solitude et manque de sommeil, entre autre. Personne n’est égal face à ces conséquences, certains n’en sont pas sujets, d’autres le sont.
Et toi, penses-tu que les réseaux sociaux t’apportent plus de bienfaits que de méfaits ?
Les réseaux sociaux et l’écriture
J’ai longtemps été indécis. L’écriture est solitaire, c’est vrai, partager son travail sur les réseaux sociaux diminue ce fait. Quelques-uns se sont fait connaître grâce à leurs comptes, ce qui leur permet d’en vivre. De ce que j’ai pu expérimenter et comprendre, il est nécessaire de passer autant de temps sur les réseaux sociaux que sur l’écriture pour se faire une place parmi tous ceux qui postent chaque jour. C’est un temps considérable, et peut-être ne suis-je pas suffisamment courageux pour me lancer dans une telle bataille.
Si mon envie est d’écrire, je n’accepte pas qu’elle soit amputée de moitié pour alimenter un compte. C’est un choix conscient, dont j’accepte les conséquences. L’écriture est un acte solitaire, certes, mais là est l’essence même de l’écriture. J’ai ce désir de raconter des histoires, d’aider, de partager des conseils et mon expérience, car je sais que cela touchera un public, tôt ou tard. L’écriture est un art dont on récolte les fruits des années plus tard, parfois davantage encore. C’est ce que j’aime. Il n’y a pas de précipitation à avoir, juste apprécier la persévérance et ce qu’on fait. Chaque séance d’écriture est un plaisir sans cesse renouvelé. Un plaisir simple et auto-suffisant.
Alors oui, je tire un trait sur une plus grande visibilité. Mais n’est-ce pas là ce que je recherche ? Je désire attirer un public différent de celui qui passe du temps sur les réseaux sociaux. Un public qui met le sens au coeur de son existence.
À bientôt,
Quentin.