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Minimalisme

Ce que j’ai appris en quittant les réseaux sociaux (1/2).

By 8 avril 2024No Comments

Il y a plusieurs choses que j’ai apprises en décidant de quitter les réseaux sociaux. Mais avant cela, il est important de tout remettre dans son contexte.

Les réseaux n’ont jamais été essentiels pour moi. Ils me servaient principalement à entretenir des liens ténus avec d’autres personnes, à discuter sans passer par les SMS, à me tenir informé de l’actualité de mes connaissances, à partager certains aspects de ma vie. Mais là encore, sur ce dernier point, je me suis rapidement mis à employer les réseaux comme une façon de communiquer sur mon travail, à savoir l’écriture et le développement personnel.

Mis à part cela, j’ai toujours trouvé les réseaux superficiels et éloignés de la réalité. En tout cas de l’idée que je me fais de la réalité. Il existe des comportements visibles sur les réseaux qui n’existeraient pas dans la réalité. À vrai dire, ma vision des réseaux sociaux a évolué avec le temps. J’en ai essayé pas mal, presque tous, y compris Tik Tok, qui a pris en ampleur ces dernières années.

Le paradoxe de la réalité

J’ai commencé à l’utiliser en sachant pertinemment où je mettais les pieds. Je ne m’attendais à rien, et j’ai trouvé les moyens d’être à la fois agréablement surpris et profondément déçu. C’est là aussi que réside la force des réseaux : tout le monde peut y trouver son compte, et comme nous sommes tous différents, tout ne peut pas nous plaire et nous satisfaire.

Ces derniers temps, le paradoxe entre les réseaux sociaux et la réalité s’est accentuée. Sur Instagram, j’ai vu fleurer des communautés estampillées « safeplace », où la bienveillance est de mise, où on ne cherche à bousculer personne, seulement à accompagner, à aider, en douceur. Sauf que ça ne fonctionne pas toujours ainsi dans le monde réel. La bienveillance à outrance n’existe pas, y compris sur les réseaux sociaux. Il suffit d’ouvrir un fil de commentaires pour se rendre compte que tous les êtres humains ne sont pas bien intentionnés. Sous couvert d’anonymat, certains vont bien plus loin qu’ils ne pourraient aller dans la réalité. Puisque, dans celle-ci, chaque geste a des conséquences plus ou moins directes. Derrière un écran, il existe une forme de protection qui ne conforte que les plus lâches.

Se couper de l’envers de la bienveillance, c’est omettre une partie de la réalité. Il faut accepter chaque individu tel qu’il est, sans porter de jugement, et là-dessus, je suis en phase. Là où je ne le suis pas, c’est sur le fait de ne pas bousculer, de ne pas déranger. Je pense que ce sont les épreuves et les paroles directes qui ont un impact sur nos vies. Ce n’est pas en optant pour des détours, en enjolivant la réalité, en aplatissant les imperfections de son discours qu’on réussit à se faire comprendre. Agir ainsi est, je pense, se couper d’une partie de soi, tronquer une partie de ses propos et de ses pensées pour entrer dans le moule de la bienveillance. Elle est nécessaire, plus que jamais, mais se doit d’être nuancée. Personne ne vit dans un monde idéal. Tôt ou tard, il faudra se confronter à la réalité, à soi, aux autres, aux conséquences de ses actes et de ses paroles, qu’elles soient positives ou négatives.

L’algorithme et les certitudes

Les réseaux disposent d’une importante force de frappe. Leur algorithme renforce le biais de confirmation, qui confirme et exacerbe nos certitudes. Je suis convaincu que le minimalisme est une solution à de nombreux problèmes sociétaux et personnels actuels. Une fois qu’un algorithme a compris cela, il ne présente plus les arguments du camp opposé, il cherche à renforcer notre adhésion à cette idée.

J’aime dire que rien n’est tout blanc ou tout noir. Tout se doit d’être nuancé, réfléchi, argumenté. Les certitudes extrêmes n’alimentent rien, elles ne construisent aucun début de réflexion, elles enferment, et, au pire, elles fanatisent.

Puisque je ne vois que des informations qui vont dans mon sens, c’est comme si toutes les autres n’existaient pas. Il est utile de se documenter et d’aller voir par soi-même les arguments contraires pour se nourrir, s’enrichir, se nuancer et pourquoi pas changer d’avis. Car les certitudes évoluent au cours de la vie. En changer ne diminue pas la confiance en un individu. Cela renforce l’idée d’une personne qui évolue. Et si les discours opposés ne gagnent pas en approbation, ils servent à bâtir un argumentaire plus riche et détaillé. Tout le monde a à y gagner.

Les réseaux sociaux ne sont ni bons ni mauvais. Ils n’ont pas de conscience. Ils n’ont qu’un objectif : qu’on y passe le plus de temps, pour récupérer nos données, pour afficher des publicités. Et pour cela, ils disposent de chercheurs en psychologie et d’équipes de pointe pour atteindre leurs buts. C’est à nous, simples utilisateurs, de rationner notre emploi de ces réseaux, de mieux les comprendre pour mieux réagir. Beaucoup y trouvent leur compte, certains en ont besoin pour leur business, pour partager des moments de vie avec leurs proches, pour se divertir, pour créer, pour nouer des amitiés, pour tromper l’ennui.

Souvent, les réseaux sociaux s’immiscent bien plus profondément en nous qu’on ne l’imagine. Ils déforment notre vision du monde et de la réalité. Certains vont même jusqu’à dire qu’une personne sans compte sur les réseaux sociaux n’existe tout simplement pas.
Pourtant, elle existe, loin des regards, loin de la foule, elle vit pour elle, sans chercher l’approbation des autres, sans partager les photos des endroits qu’elle visite, des plats qu’elle cuisine ou qu’elle commande. Elle vit, sans artifice.

Inconsciemment, les réseaux sociaux transforment

La première chose que j’ai apprise en quittant les réseaux sociaux, c’est que je cherchais trop souvent à plaire aux autres. À montrer que j’existais, alors que je me pliais inconsciemment aux volontés d’un algorithme, à la mode en vogue, à ce que les autres voulaient voir, m’effaçant peu à peu.

Créer des contenus courts n’a jamais été ma tasse de thé, et pourtant, je me suis adapté, même si mes propos perdaient en saveur, en couleur, en intensité et en valeur. Je le faisais pour nourrir une certaine visibilité, pour me frayer un chemin vers les écrans des utilisateurs de cette plateforme. Mais, en agissant de la sorte, je m’éloignais de moi et de mes envies.

Créer du contenu pour les réseaux sociaux est rapidement devenu une obligation plus qu’un plaisir. J’aime écrire et partager, mais pas de cette façon. J’aime écrire et partager des contenus plus longs, plus nuancés, plus impactants qu’une simple publication qui sera presque intégralement oubliée dès que la suivante apparaîtra.

J’admire ceux qui parviennent à partager leur passion sur ces réseaux et qui y trouvent leur compte. Je sais qu’ils disposent d’un avantage immense, car c’est là que se concentre la majorité des regards.

L’important dans cette histoire est de suivre sa voie, même si elle est sinueuse, tant qu’elle emplie de joie, et que le souffle de l’envie ne se tarit pas.

À bientôt,
Quentin.

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