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Minimalisme

À quel point es-tu déconnecté ?

By 1 avril 2024avril 7th, 2024No Comments

Il existe un paradigme.
Où la connexion avec le vrai monde, réel, tangible, s’est perdue.
Où la connexion avec le monde virtuel emplit tout l’espace.

Les yeux rivés sur mon smartphone, j’avance, connecté et pourtant si déconnecté.
J’oublie ce qui m’entoure. Je me plonge coeur et âme. Comme la passion, sauf que là, elle est dévorante, au premier degré. Elle ne nourrit pas, elle consomme, elle nous consomme, par notre temps et notre attention. Elle atrophie qui nous sommes en nous faisant perdre de précieuses heures chaque jour.

Une heure par jour correspond à quatre ans au cours d’une vie. Avant d’en prendre conscience, mon temps d’écran sur smartphone était d’environ six heures. Je te laisse faire le compte sur une existence, c’est presque autant, si ce n’est plus, que le temps de travail nécessaire pour obtenir une retraite.

Non, le smartphone n’est pas l’objet du démon. Il est utile, parfois indispensable. Il est confortable de l’avoir près de soi, pour occuper quelques minutes d’ennui, pour trouver son chemin, payer ses achats, discuter avec ses amis, partager des instants, se divertir, travailler, noter ses idées, planifier ses journées, écouter de la musique, commander une course, chercher l’amour d’un jour ou de toujours. Qu’est-ce qu’on ne peut pas faire avec un smartphone ? À vrai dire, plus grand chose.

C’est bien là le problème. Tout se mélange. Distraction et travail.

Cette concentration de possibilités nous pousse à faire demi-tour si on l’oublie chez soi. Une journée sans, c’est une journée d’incertitude. C’est une journée différente, presque angoissante, peut-être même excitante, qui sait ?
Si cela t’es déjà arrivé, qu’as-tu manqué ?

Lorsque j’ai délibérément laissé mon smartphone au placard, je n’ai pas été confronté au FOMO (Fear of missing out), ou la peur de manquer quelque chose. La majorité du temps, il ne se passe rien d’important, rien qui bouscule le cours de mon quotidien.
Ces journées me manquent, comme celles que j’ai connu avant d’avoir quinze ans, âge où j’ai reçu mon premier téléphone coulissant, avec son magnifique clavier en T9. Le forfait ? 45 minutes d’appel ou 45 SMS, c’est l’un ou l’autre, un SMS vaut une minute, et inversement. Pas d’internet, à l’époque ça n’était pas encore accessible au plus grand nombre. Une époque qui existait il y a une quinzaine d’années, pas si ancienne que ça.

Depuis, beaucoup de choses ont changé, et revenir en arrière serait une hérésie à laquelle peu songeraient. Pourtant, le smartphone est-il une technologique qui te sert ou qui te dessert ?
L’objet en lui-même est neutre. Il n’est pas doué de conscience. C’est ce qu’on en fait qui crée le confort ou l’inconfort, l’évolution ou la régression. Il suffit qu’un smartphone soit positionné à proximité de soi pour perdre instantanément en attention. Une seule notification peut nuire à la concentration. Elle agit comme un appel auquel il est difficile de résister.
Derrière la concentration et l’attention, il y a le temps. La seule ressource dont nous sommes constitués. C’est lui qui nous a créé, lui qui nous maintient, lui qui verra notre fin. Tant qu’on a pas l’impression d’en manquer, difficile de faire aujourd’hui ce qu’on peut reporter au lendemain. Difficile de l’employer avec minutie, de refuser ce qui nous nuit.

Avant, je saisissais mon smartphone avec l’idée de répondre à un message. Il m’arrivait de dévier et d’y passer plusieurs dizaines de minutes pour ensuite le poser à côté de moi, sans avoir pris la peine d’effectuer l’action initiale.

Il y a quelques semaines, je suis sorti des réseaux sociaux. Je dois dire que l’essai est concluant puisqu’ils ne me manquent pas le moins du monde.

J’essaie de limiter mon utilisation des applications qu’il me reste. Je les désinstalle, mais il est si facile de les installer de nouveau pour en profiter. Les limites sont aisément franchissables, comme une haie à hauteur de genoux qu’il suffit d’enjamber.

Vivre avec un smartphone, c’est vivre avec la tentation permanente d’accéder à tout ce qui est possible et imaginable, juste là, sans attendre. C’est aussi pouvoir nourrir son imaginaire, simplifier sa vie et apporter davantage de confort.

C’est indéniable, le smartphone m’aide au quotidien. Que ce soit pour noter mes idées à une vitesse record, enregistrer des paroles à la volée, écouter de la musique, sans laquelle je ne serai pas aussi inspiré.

Plus je creuse le sujet du minimalisme, et plus je simplifie mon smartphone et les usages que j’en ai. J’aime me dire qu’il est présent au cas où pour m’épauler. Le démon qu’il était commence à devenir un bienfaiteur, sur lequel je passe désormais beaucoup moins de temps qu’auparavant, et c’est là tout l’enjeu. J’ai tenté l’aventure du dumbphone (ou téléphone stupide en français, comme ceux produits par Nokia) il y a quelques mois. Si elle n’a pas été une franche réussite, elle m’a appris la valeur du temps. Je pense que j’avais oublié à quel point il était difficile, et parfois contre-productif, de vouloir se passer d’un smartphone. En l’ayant à portée sans arrêt, je ne m’en rendais plus compte. C’était devenu parfaitement normal.

Cette expérience a changé ma vision du smartphone. Je prends davantage conscience de son intérêt, puisque j’ai vécu des moments où il m’aurait été bien utile, notamment pour éviter de se perdre, pour trouver un numéro facilement ou être prévenu au dernier moment d’une annulation tout en étant à l’étranger. Le smartphone complexifie parfois, mais simplifie aussi. Il suffit de s’en rendre compte et de le vouloir. Il ne remplace plus des moments de vie en me happant au travers de son écran, il magnifie des instants en me permettant d’y déverser mes idées et en écoutant de la musique.

Je ne sais pas mélanger les usages. Se divertir ou travailler, il faut choisir. C’est lorsque la frontière s’amincit jusqu’à disparaître qu’il devient trop facile de passer d’un à l’autre, et souvent de celui qu’on ne désire pas sur l’instant.

Je songe à me séparer de mon smartphone quelques jours chaque année. Simplement pour retrouver cette joie de se sentir libre de vivre sans, tout en ressentant la joie que cet objet procure pour ses qualités.

Là où il me desservait plus qu’il ne me servait, j’ai réussi à inverser cette tendance. À rester, le plus souvent possible, maître de cet objet presque incontournable.

À bientôt,
Quentin.

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