Je suis quelqu’un qui réfléchit, beaucoup, trop peut-être.
Souvent, on m’a mis face à cela. Il est vrai que j’aime bousculer mes routines, réfléchir à de nouvelles solutions, plus innovantes, plus efficaces, plus plaisantes. Mais cela demande du temps pour les essayer, pour les améliorer, et enfin prendre une décision éclairée. Tout ce processus ne se réalise pas en quelques heures ou en quelques jours. Chez moi, cela peut prendre plusieurs semaines.
Régulièrement, on me qualifie d’indécis. Et à juste titre, pour un regard extérieur, quelqu’un qui change sans arrêt d’opinion ne reflète pas d’assurance. Pourtant, il est impossible, en tout cas pour moi, de changer du tout au tout sans avoir pesé le pour et le contre suffisamment longtemps. J’ai essayé de vivre sans smartphone, j’ai modifié à plusieurs reprises mes entraînements sportifs, mes heures de réveil et de coucher, mes routines du soir, abandonné celles du matin, changé d’environnement de travail, simplifié drastiquement mon quotidien. Tout ce que j’en retiens, c’est qu’il a fallu effectuer des essais. Certains se sont avérés être des échecs, et d’autres, enfin, des réussites.
Trouver la bonne formule du premier coup est un miracle qui ne tape que rarement à ma porte. Il y a les vrais indécis, qui se perdent des mois et des années durant, et les autres, qui, comme moi, ont un état d’esprit d’évolution plutôt que fixe. Chercher l’évolution, c’est aller au-devant de ses idées pour les mettre en oeuvre, c’est chercher à grandir, de quelque manière que ce soit, tant que la progression se fait sentir. Je ne parviens pas à me contenter de ce que j’ai, je souhaite offrir bien plus encore, je désire m’améliorer. Il n’existe aucun autre choix que d’expérimenter et de changer d’avis.
Les gens pétris de certitudes ne feront que les renforcer au cours de leur vie. Ils ne changeront pas, ils ont un état d’esprit fixe. Il y a ceux qui disposent des deux états d’esprit, en fonction du sujet ou de la situation à laquelle ils sont confrontés. C’est bien d’avoir des certitudes, mais sur quoi sont-elles basées ? Les avons-nous mis en doute ne serait-ce qu’une seule fois ? Changer d’avis donne l’impression d’être indécis, alors que c’est tout le contraire. C’est là qu’on remarque ceux qui vont dans le sens de l’évolution, quitte à froisser, quitte à admettre leurs erreurs. Car c’est bien là le problème et la solution : nous faisons tous des erreurs, encore faut-il les exprimer.
Certes, ce n’est pas simple de partager des propos contraires face à ceux qu’on défendait la veille. La majorité des gens ne comprennent pas. Il faut aussi dire que la plupart vivent dans un état d’esprit fixe. Il faut du courage pour oser changer d’avis et en parler autour de soi. Par ce fait, peu se remettent en question, surtout si une opinion est accolée à une personne en particulier. Lorsque des idées nous collent à la peau, difficile de s’en défaire, impossible de valoriser les arguments opposés. Ainsi, on encourage les journées qui se ressemblent, sans rien y changer, sous peine d’être considéré comme un indécis. Chez nous, ce ne sont pas eux qui sont mis en lumière. Mieux vaut une personne bien ancrée dans sa vie et dans ses missions qui ne fera jamais faux bond. L’indécision interroge, elle sème le doute, elle bouscule l’ordre initial. Cet ordre si cher à certains.
Voilà pourquoi j’aime tester le tout et son contraire. Changer de camp pour voir lequel des deux m’attire plus que l’autre. Pour nuancer mon opinion et me créer ma propre façon de penser, sur-mesure, sans chercher à ravir qui que ce soit. Ma vie est une expérience constante, faite de remises en question quasi-permanentes, d’évolutions, de régressions, d’avancées et de retours en arrière. Rien ne sert de s’enfermer dans une idée qui, au final, ne convient pas. C’est pour cela que, parfois, je dérange. Mais au fond de moi, je sais que je ne pourrais pas vivre autrement. Je sais aussi que je sème une graine dans l’esprit des personnes qui croisent mon chemin. La graine de l’indécision, qui mène au doute, à l’interrogation, et peut-être, un jour, au changement.
À bientôt,
Quentin.