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Gestion du temps

Ce n’est pas de temps dont nous manquons, mais d’autre chose.

By 18 mars 2024No Comments

D’ici un siècle, plus personne ne se souviendra de vous, de moi, et de la quasi-totalité des êtres humains en vie actuellement. Peu d’entre-nous connaissent l’histoire de leurs arrière-grands-parents.
En réalité, nous sommes presque tous condamnés à l’oubli. Et plutôt que de saisir ce concept comme une fatalité pesante, elle est aussi l’occasion de se libérer de ses chaines.

Si on compare à l’espérance de vie moyenne en France, d’ici 50 ans, ma génération touchera à sa fin. Notre fourchette de vie, et donc d’action, est mince. Aussi, tout est fait pour nous maintenir dans un état de semi-léthargie où notre temps libre, pour la plupart d’entre-nous, consiste à enchaîner les distractions.
Quoi qu’en en dise, la vie est longue. Nous avons le temps, nous avons du temps. Ceux qui disent le contraire n’en sont pas maîtres. Ils subissent. La vérité est que nous sommes de moins en moins efficaces. Chaque tâche a tendance à s’étendre dans le temps, entrecoupée d’interruptions et de distractions. C’est la définition même de la loi de Parkinson. Sans limite définie dans le temps, la procrastination est de mise. Les projets, même les plus importants, sont sans cesse reportés à une date ultérieure.

Nous manquons d’attention et de concentration.

Je ne parviens pas à travailler dans un environnement vivant. Dès qu’il y a d’autres personnes, dès qu’il y a du bruit, dès que le mouvement attire mon regard, je sais que je me suis perdu. J’admire ceux qui réussissent à écrire depuis des médiathèques ou des cafés. Ce n’est pas mon cas.
J’ai besoin de ma bulle, où je peux me plonger dans une sorte de solitude créative. Il n’y a rien de pire, à mon sens, que d’être interrompu en plein état de flow – qui fera l’objet d’un prochain article.
Nos habitudes, quelles qu’elles soient, si elles sont répétées, renforcent notre efficacité en la matière. En somme, nous avons le cerveau que nous méritons. Il nous ressemble et s’adapte à notre mode de vie. Ceux qui s’adonnent à la paresse vont avoir de lourdes difficultés à modifier ce comportement, tout comme celui qui a trouvé un intérêt évident au mouvement aura du mal à rester sans rien faire.

Je ne suis pas un grand fan des extrêmes. Les grands écarts ne font que dissiper l’attention et la concentration.
On étend beaucoup parler de la dopamine, et de ses effets lorsqu’on s’adonne à des activités dites « faciles » comme consulter les réseaux sociaux, regarder des vidéos, manger sucré, etc… Ces comportements offrent une sécrétion de dopamine, source de plaisir. C’est ce qui nous pousse à recommencer et à augmenter les doses au fur et à mesure.
D’un autre côté, il me serait difficile, voire impossible, de m’asseoir pour écrire si je ne prenais pas soin de mes habitudes. Comment concilier les activités génératrices de dopamine faciles avec l’écriture, qui, elle, est beaucoup moins attirante que tout le reste ?

Je ne suis pas une exception, j’ai le même cerveau.

C’est lorsque je me laisse distraire que mon envie d’écrire se réduit. Et c’est normal. Je ne pense pas qu’il soit concevable d’opérer de la sorte. Impossible pour moi d’enchaîner les vidéos sur les réseaux sociaux pour me mettre à écrire ensuite. Je suis comme parasité, comme paralysé. Il me faut choisir une activité au moins aussi attrayante que la précédente. C’est aussi pour cela que j’ai délaissé les réseaux sociaux.

J’ai pris la décision de ne plus diluer mon temps dans des activités sans importance, qui, en plus, m’éloignent de ce qui compte.
Lorsqu’il devient difficile de faire des choses simples, c’est le signal.
Pour moi, le signal, ça a été la difficulté à écrire.
Parfois, la procrastination n’est pas ce qu’on croit. Elle est un symptôme d’une attention et d’une concentration déficientes. Cela s’explique. Cela se voit d’autant plus aujourd’hui.

Je perdais mon temps. Je l’ai perdu, des années durant. Entre distraction et facilité.
J’ai modelé mon cerveau de la mauvaise façon, sans même m’en rendre compte.
Heureusement, rien n’est immuable.
Malheureusement, cela demande des efforts et du temps.
Ce temps que nous avons sans en avoir.
Sur lequel nous pouvons avoir une prise éphémère.
Puisque personne ne se souviendra de toi, de moi, de nous.
Autant faire ce qui compte.
Dès maintenant.

À bientôt,
Quentin.

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