Atteint d’une maladie neuromusculaire chronique, Waldo Farthingwaite-Jones vit retiré du monde au sein de son petit paradis privé, un habitat orbital automatisé conçu par ses soins qui le soustrait à l’insoutenable gravité terrestre martyrisant son corps… Obèse, solitaire et misanthrope, Waldo est un être détestable. Mais c’est aussi, sans doute, l’un des plus remarquables esprits que l’humanité ait jamais connu. De fait, quand les moteurs des appareils de la North American Power-Air se mettent à dérailler sans la moindre explication, menaçant l’ensemble du trafic aérien, les ingénieurs de la compagnie n’ont d’autre choix que de se tourner vers un Waldo peu enclin à les aider. Sauf à y trouver son propre intérêt, et envisager la plus stupéfiante des découvertes…
Le Bélial – 155 pages – 10,90 euros.
Une novella de hard science-fiction à l’imaginaire débordant qui frôle les frontières du mysticisme…
Je tiens en tout premier lieu à remercier les éditions Le Bélial pour l’envoi en avant-première de cette novella. J’adore la collection Une Heure Lumière de cet éditeur, dont d’autres chroniques sont d’ailleurs disponibles sur le blog ! C’est l’occasion de partir à la découverte d’un nouvel auteur, d’un nouvel univers, tout en ayant suffisamment de temps pour s’imprégner d’un monde méconnu…
Un spectacle de claquettes présenté avec un talent inouï. Les acrobaties étaient spectaculaires, bien plus balèzes que ce qu’un être humain aurait pu effectuer en temps normal. Il adorait ça, être aimé et désiré grâce à l’art qu’il menait devant un public conquis. Lorsque le rideau tomba et qu’il partit rejoindre les coulisses, il se sentait enivré par cette douce sensation de plénitude qui coulait dans ses veines. Des photographes venaient à sa rencontre, projetant des flashs en tous sens. Il voulait inviter les journalistes à boire un verre, mais son habilleuse ne partageait pas le même avis. Dans une demi-heure, il allait devoir partir pour une opération. Une hémisphérectomie du côté gauche l’attendait impatiemment…
James Stevens était en compagnie de son assistant. C’est ce dernier qui lui apprit qu’un crash venait de se produire. Le ton de sa voix laissait pressentir qu’il n’était pas le premier, et que les problèmes ne faisaient encore que commencer. Un double cargo Climax avait quitté les écrans radar. Le big boss souhaitait avoir une entrevue avec Mac, un poste de chef de trafic venait de se libérer, et ce dernier pouvait bien l’occuper si l’envie lui plaisait. C’était une proposition qui ne se refusait pas. James l’intima de se rendre au Nebraska, là où la dernière épave de vaisseau était tombée dans le but de récupérer ses deKalb ainsi que le tableau de bord avant que la police ne s’en charge…
Une histoire follement intéressante et éblouissante qui révèle des manières de penser trop souvent tues !
La publication originelle de cette courte histoire date de 1942, et voilà qu’elle arrive en France en 2019. Malgré cette différence d’époque, j’ai trouvé le style d’écriture bien plus compréhensible que certains récits aussi anciens. Peut être que la traduction y est pour beaucoup, je ne peux pas me prononcer à ce sujet ! J’ai trouvé l’histoire fort intéressante, avec un semblant de prologue qui attire dans l’intrigue sans vraiment savoir où j’allais mettre les pieds.
L’auteur invente des concepts abstraits, qui, correctement décrits, permettent de se rendre compte que la nécessité d’une alimentation électrique stable est un enjeu majeur dans ce monde futuriste. Mais cette stabilité est mise à mal par des pannes récurrentes et spontanées qui progressent en nombre depuis peu de temps. Un mal qui ronge la société, dont les conséquences peuvent être catastrophiques. C’est dans ce contexte que Waldo, un homme fort ingénieux, est mandaté pour résoudre ce problème insolvable, au détail près qu’il est infirme et qu’il vit dans l’espace, dans son cocon personnel…
C’est fou à quel point ce récit met en lumière des possibilités abracadabrantes tout en incluant des explications scientifiques claires et précises. Waldo est un personnage particulier au caractère rancunier, qui sait se montrer aussi bien aimable que détestable lorsque les situations s’y prêtent. Son lieu de vie affiche de belles descriptions, dont l’espace a été adapté à l’espace et à l’absence de gravité. Ce qui est extraordinairement majestueux. Il n’y a pas de suspense à faire trembler les plus grands page-turner, mais la curiosité que j’ai ressenti m’a poussé à aller de l’avant.
J’ai aimé le petit côté anticipation de ce récit, avec une mise en garde contre les ondes électromagnétiques et les quelques expériences évoquées qui pourraient s’apparenter à une étude tout à fait sérieuse. Au fur et à mesure que la lecture progresse, on entre dans un aspect mystique qui se développe et que j’ai trouvé fort immersif, comme un second souffle dans l’intrigue et une autre manière de penser qui incite à la réflexion. Et même si cette fiction n’est pas une réalité, ou du moins c’est ce que j’en ressors de cette novella, l’auteur laisse entrevoir des possibilités, tout en laissant la magie prendre le pas sur la science.
Ma note : 4/5