Le premier de Didier Van Cauwelaert, retrace l’histoire de lycéens qui monte la pièce de théâtre Johnny got his gun. Quelques jours avant la première, leur metteur en scène disparaît. Emile, un vieux metteur en scène de soixante dix ans, écarté du monde du théâtre, apparaît un jour au milieu d’une répétition et décide de reprendre la direction de la pièce…
Éditions Points – 209 pages – 6,50 euros.
Un premier roman étrange qui passe du tout au rien, d’une histoire à une autre…
J’ai déjà eu l’occasion de découvrir cet auteur, avec quelques chroniques disponibles sur ce blog par ailleurs. La fin du monde tombe un jeudi, ou encore le magnifique essai Au-delà de l’impossible que j’avais a-do-ré ! En amateur de cet homme aux multiples facettes littéraires, je me suis lancé dans son tout premier roman – sans vraiment savoir que ça l’était, à vrai dire, et ça explique peut-être certaines choses !
Sandra est une jeune femme de dix-huit ans, des rêves plein la tête. Elle ne veut pas que son existence tourne autour d’autre chose que le cinéma. Sa passion. Son envie la plus profonde. Elle est interne dans le lycée dans lequel elle étudie, en vue d’obtenir le baccalauréat. Elle est d’ailleurs très admirée, et même convoitée par un certain Norbert, qui redoute que cela se sache. Alors il se conduit bizarrement avec Sandra, quitte à jouer l’indifférence la plus totale à son approche. Norbert n’est pas une tête, et collectionne les zéros aux interrogations autant que ses paroles blagueuses qui ne font rire aucune fille. Il avait trouvé l’astuce idéale pour se faire bien voir. Dès qu’un professeur lui faisait une remarque, il allait se rendre auprès de lui à la fin des cours pour évoquer une de ses activités : l’écriture d’un roman…
Norbert aperçoit Sandra sur le terrain de basket, à l’heure du midi, occupée de répéter son rôle, son texte tenu dans ses mains, dans son dos. Norbert lui demande si elle compte aller manger, et, devant son absence de réponse, consent à l’aider à répéter son texte. Elle joue le rôle de l’infirmière, dans un texte intitulé Johnny got his gun. Sandra le trouve amusant, ce Norbert. Et après une tirade sur l’écriture, Sandra interrompt le cours de la discussion pour lui demander s’il sait se maintenir immobile durant deux heures. Il acquiesce. Sandra venait de trouver Johnny-couché, un rôle qui demeurait encore livre dans la pièce dans laquelle elle jouait…
Une lecture qui désarçonne et qui fait réfléchir… au cours des événements qui ne se ressemblent pas !
Ce roman est d’une étrangeté sans pareil. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre le cours de l’intrigue, tant elle change de positionnement, bouscule et revient sur ses pas. C’est extrêmement difficile à suivre, et il faut clairement s’accrocher pour espérer entrer dans les pensées de l’auteur au moment où il a écrit ce roman. J’ai tout de même trouvé les personnages fouillés et intéressants, Sandra, Norbert, Émile et tous les autres apparaissent avec des personnalités, des histoires et des volontés. Ils apportent chacun leur pierre à l’édifice et aident à faire avancer cette histoire sans queue ni tête. Oui, parce que voilà, même si Émile est touchant, grâce à sa douce folie, il n’en demeure pas néanmoins compliqué à cerner. Et même en venant au bout de ce livre, ce n’est pas pour autant que l’on finit par le comprendre davantage. C’est quelqu’un de têtu dans ses tergiversations et ses envies changeantes. Surtout, quelqu’un qui sait manipuler la vérité, sa propre vérité, pour que l’on vienne à avoir besoin de lui, comme pour ne pas sombrer dans l’oubli et la solitude.
Malgré les qualités scénaristiques de ce roman, et son style d’écriture simple et percutant, j’ai eu du mal à me laisser prendre au jeu de ce Émile et de son existence hors norme qui va entraîner bien d’autres personnes avec lui. Il ne va pas hésiter à entrer dans un lycée pour reprendre à son compte la pièce de théâtre bien mal jouée par les élèves selon lui, et même à interrompre certains cours pour se renseigner auprès des professeurs. La majeure partie de ce roman prend pour appui cette fameuse pièce, qu’il faut très vite améliorer en vue de sa première représentation. La course contre la montre est lancée pour Émile. Et, pour couronner le tout, l’on néglige parfois l’importance de la politique dans une simple pièce de théâtre jouée par des lycéens, lorsque des personnages virulents la prennent pour cible. Mais il est des événements surprenants et incongrus qui bouleversent l’histoire, et la fin de cette intrigue secoue autant que les tonneaux d’une voiture. Tout part en tous sens, et c’est une toute autre histoire qui s’écrit, avec un nouveau but dans la vie de cet Émile. Dans ce roman, tous les personnages sont étranges, décidément.
Ma note : 2/5