On l’appelle le Voyageur. Il a quitté le village de son épouse, Sylve, pour honorer une dette ancienne, pour retrouver les mers et les océans depuis trop longtemps perdus. Et il a disparu. A-t-il été capturé ou tué par les Fomoires, s’est-il égaré, continue-t-il son voyage vers les rivages ? Au village, nul ne le sait. Neuf mois après le départ de l’homme qu’elle aime, trop inquiète pour rester sans rien faire, Sylve décide de partir à sa recherche, d’affronter une forêt où les merveilles se disputent aux dangers.
La Fin des étiages est la suite de Rivages. Le récit nous emmène encore plus profondément dans le Dômaine et nous fait découvrir la capitale des Nardenyllais. Là, commence à réapparaître une technologie qu’il aurait sans doute mieux valu laisser dans l’oubli.
Albin Michel Imaginaire – 304 pages – 19,90 euros.
Après Rivages, La Fin des Étiages donne un nouveau souffle à cette histoire en offrant une vision des peuples vivants dans le Dômaine !
Je tiens à remercier les éditions Albin Michel Imaginaire pour l’envoi de ce roman. Il y a quelque temps, je recevais le premier roman de Gauthier Guillemin, nommé Rivages. Il devait normalement se suffire à lui-même, mais l’auteur venait d’annoncer une suite. Il est vrai que le premier opus peut se lire seul, sans jamais fouler du regard son petit frère. Mais voilà qu’il apporte un autre regard, et un approfondissement vers les peuples qui cohabitent dans le Dômaine.
Je reste toujours admiratif devant les couvertures créées par Aurélien Police. Ce qui me choque le plus est sa façon de viser pile poil dans le mille. Je regarde les couvertures avant et après ma lecture du roman en question, et je dois dire que celle-ci en révèle bien des aspects. Le premier tome se voulait à l’orée de la poésie et de la magie, alors, que nous réserve cette suite ?
Entre fantasy et steampunk, ce second tome explore de nouveaux horizons, tout en finesse et en combats épiques !
Tout d’abord, comment ne pas être étonné face au changement de ton, et même d’histoire entre le premier tome et cette suite. Ici, on entre dans de l’action, on suit Sylve, qui désire coûte que coûte poursuivre son époux, le Voyageur, pour le retrouver. Sa disparition lui vaut des moments insupportables qu’il faut bien anéantir pour qu’elle puisse retrouver un équilibre. Puisque, dans ce roman, l’équilibre se place au centre de tout. Les peuples cherchent à retrouver leurs terres, leurs mondes, tout ce qui fait d’eux des êtres spécifiques avec leur propre culture. Les Ondins désirent ardemment retrouver l’océan. Mais il n’en subsiste que des paroles, vaines, et des mythes, puisqu’il devient difficile d’y croire alors que personne ne parvient à fouler les rivages. Je dirais même que cette suite ne fait pas que changer de ton, elle bouscule le genre du premier tome avec une arrivée massive et brutale du steampunk. Un steampunk qui dévore tout sur son passage !
Dans ce roman, une guerre s’ouvre alors que des seuils apparaissent. À partir de ces seuils, il est possible de se déplacer d’un endroit à un autre en un temps infiniment court. Ils agissent comme des portes que l’on peut emprunter pour se rendre vers une autre porte, et ainsi de suite, comme un voyage fait de nombreuses escales. Mais ce roman prend aussi le temps d’expliquer les choses. Il y a parfois ce petit côté « on discute au coin du feu » que j’ai beaucoup apprécié. Entre les scènes d’action, les personnages se posent, des scènes entrent dans le détail, et c’est ainsi que je suis entré dans cet univers qui offre encore bien des surprises. L’auteur insuffle des sujets dans son texte. L’environnement est au cœur des préoccupations du peuples des Ondins, alors que leurs ennemis se portent en maître de leur destin guerrier et dévastateur. Ils veulent conquérir, atteindre l’océan et annexer de nouvelles terres. Mais la résistance fait front.
La magie s’invite là où l’espoir se meurt. Des créatures presque mythiques protègent ce qui peut encore l’être contre les agressions des Nardenyllais. Ce peuple ravageur, ennemi des Ondins. Partout, au fil des mots, on ressent cet amour entre le Voyageur et Sylve, cette ambition pour elle de le retrouver. Avec cette suite, on entre dans le vif du sujet. Les Nardenyllais souhaitent suivre une voie néfaste, trop longtemps suivie par les anciens humains. L’urgence apparaît lorsque le steampunk fait son entrée en scène, immense, effrayant. Des alliances vont se nouer, des complots se jouer, le tout dans une ambiance intense où le suspense monte en flèche une fois l’univers mis en place. Je ne peux que saluer la clarté des scènes de combat, et toutes les images qui me restent en tête où la magie se mêle à l’horreur, où la beauté surgit même dans les moments les plus cinglants.
Ma note : 4,5/5