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Science-fiction

Le monde, tous droits réservés, de Claude Ecken (1/2)

By 7 février 2017février 13th, 2025No Comments

Imaginez un monde où les organes de presse auraient le pouvoir de copyrighter l’information…
Un monde où il serait possible de déléguer les tâches subalternes auprès de clones et mener ainsi plusieurs vies de front…
Un monde où l’avenir serait prédéterminé en fonction d’un ADN attribué.
Un monde dans lequel il serait concevable de parcourir l’univers en s’incarnant dans des entités extraterrestres.
Un monde qui, ayant banni la mort, punirait le suicide par une peine de vie à perpétuité…

Imaginez… Demain…

Pocket – 404 pages – 9,99 euros.

J’entame, pour la première fois depuis l’ouverture du blog, un recueil de nouvelles de science-fiction. Je me suis tourné vers Claude Ecken, un auteur français adepte du genre SF. Avec son quatrième de couverture accrocheur, ce recueil a, d’apparence, tout pour plaire !

J’apprécie les recueils de nouvelles en général. Ce sont de bons moyens de voyager sur bon nombre d’univers différents en un temps record. On peut aussi choisir de lire d’autres livres en parallèle, du moment que l’on termine la lecture d’une nouvelle entamée. Ce que j’ai d’ailleurs fait, c’est pourquoi je ferais la critique de : « Le monde, tous droits réservés » en deux parties. Je n’ai pas su résister à l’appel d’un essai de Didier Van Cauwelaert… Mais c’est une autre histoire.

Le monde, tous droits réservés.

Première nouvelle de ce recueil éponyme, cette dernière présente un personnage, racontant l’histoire à la première personne. Il est jeune journaliste et fait ses premiers pas au sein d’une grande agence de presse nommée Rotter. Il sera épaulé par Christophe Behr, un homme de terrain et d’expérience.

C’est lors de leur première virée en quête d’information que les ennuis commencent. Notre personnage principal ne s’imaginait pas avoir affaire à des voyous d’un genre peu commun. En effet, l’information se monnaye, et ses droits d’exclusivité peuvent se chiffrer en millions d’euros ! Forcément, être l’auteur d’une actualité croustillante peut faire de vous un homme riche…

Claude Ecken réalise une critique du monde journalistique et de l’argent, tout comme de la véracité de l’information qui serait transmise dans ce cas de figure. C’est au travers d’une enquête, parfois dure à suivre, que nos deux personnages vont se confronter à des problèmes qu’ils sous-estimaient. Entre éloge de ce système d’exclusivité payante (tout comme les matchs de foot actuellement) et débat pour la liberté de l’information, cette nouvelle soulève quelques interrogations.

Personnellement, je n’ai pas accroché à cette nouvelle. Trop complexe dès le départ, avec très peu de détails sur les personnages, on s’enferme dans un univers journalistique où seuls les journalistes eux-mêmes pourront, peut-être, y trouver leur compte.

Membres à part entière.

Un monde où les tétraplégiques sont rois, voilà ce qui vous attend dans cette nouvelle. Le problème semble provenir d’un virus, qui paralyse alors les membres de ses victimes. Sauf que tous n’en sont pas atteints. Jean-Paul Legrand en fait d’ailleurs partie. Comme son nom l’indique, il est grand, car celui-ci se déplace à pied et se tient debout.

C’est dans une métaphore du racisme que Claude Ecken nous emmène. Jean-Paul est coincé dans son métier en réalisant des tâches ingrates, comme attraper des objets en hauteur ou servir les éminents chercheurs en fauteuil roulant qu’il doit assister.

« Membres à part entière » est une belle leçon de vie, même si elle est quelque peu violente par moments. Le « faire comme tout le monde » prend une tournure inattendue dans cet univers décalé. C’est une courte nouvelle qui se lit sans mal, même si les âmes sensibles devraient s’abstenir…

Edgar Lomb, une rétrospective.

Le docteur Andreisten est un révolutionnaire. Il a mis au point une machine capable d’échanger les esprits de cobayes humains avec ceux d’animaux, perdus quelque part au fin fond du cosmos. Deux hommes riches et ennuyés par la vie, Kalak et Lomb, se sont présentés à lui pour l’aider à réaliser ses expériences.

Sans eux, il aurait dû continuer comme avant, c’est à dire à utiliser des singes comme cobayes. Sauf que ces derniers sont beaucoup moins bavards pour décrire des scènes et des ressentis…

Cette nouvelle n’est pas la plus longue, mais c’est pour moi la plus aboutie. Je ne vais pas vous spoiler la suite au risque de vous faire perdre toute surprise, mais elle est emprunte de magie. Claude Ecken a réussi un coup de maître en créant des animaux aussi étranges les uns que les autres, jusqu’à tomber sur les fanelles, des animaux… fascinants.

L’unique.

Lucien Leruten n’est pas un enfant comme les autres, il est issu d’un accouchement… naturel. Ce qui ne se fait plus depuis quelques temps. Pourquoi ? Pour tout un tas de raisons comme le contrôle des naissances, des professions pour supprimer le chômage, des minorités raciales, l’éradication des épidémies et bien d’autres choses.

Cette nouvelle se décompose entre reconstitutions et jugements dans un tribunal. Ce format rend la lecture beaucoup moins plaisante à mon goût. Les naissances naturelles sont bloquées par un mécanisme implanté directement dans l’ADN, seul un médicament très contrôlé permet de passer outre.

Pourquoi sa mère, Adeline, a-t-elle décidée de devenir une mère, une vraie ? Et pourquoi, Gérard, son tonton présumé, cache-t-il à Lucien qu’il est en réalité son père biologique ?

« L’unique » est un débat entre procréation naturelle et artificielle, qui soulève beaucoup de questions. Le fond est très intéressant et les personnages attachants, si bien qu’on en éprouverait de la sympathie pour eux et leur situation si délicate.

Les déracinés.

Le professeur Hispide est à la tête de découvertes scientifiques mêlant biologie et humain. Le mélange des deux peut provoquer des résultats assez étonnants. C’est ainsi que trois de ses cobayes se retrouvent pris au piège dans une maison : Grayne, Stolon et Cassie.

Tous les trois sont des dendroïdes (en forme d’arbre), ce qui leur confère des qualités de résistance exceptionnelles.

C’est une nouvelle extrêmement courte qui se suffit à elle-même. Même si elle ne mérite pas sa place dans ce recueil de science-fiction, elle a néanmoins l’avantage de faire sourire.

Esprit d’équipe.

Léon Spartezar a des parents riches. C’est à ses cinq clones que cela se voit. C’est ainsi qu’il peut suivre des cours dans des universités prestigieuses, tout en se la coulant douce chez lui.

Mais ce système a un impératif : tous les quinze jours, l’original doit faire une « refonte » de ses clones, pour éviter que ceux-ci ne partent à la dérive. Mais que va-t-il se passer lorsque Léon va décider de se retirer de sa vie quotidienne pendant quelques temps ? En oubliant totalement ses clones, les laissant en totale liberté dans la nature.

Cette courte nouvelle pose les bases de l’indépendance donnée aux clones. Des réflexions intéressantes ressortent de cette lecture. Les souvenirs que Léon sont-ils vraiment les siens ? Ou proviennent-ils de ses clones ?

C’est une lecture simple et rapide, qui laisse planer quelques doutes sur le pouvoir des clones et sur les détails de notre personnalité qu’on peut, sans le vouloir, leur retransmettre.

Voilà qui achève la première partie de cette critique. Les six autres nouvelles feront l’objet d’un second article ! 😉

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