Les humains ont massacré les mers et les océans. L’eau s’est évaporée ; les animaux sont morts.
Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes.
Caste indispensable à l’humanité, les exorcistes sont bien entendu très convoités.
L’un d’eux, Oural, va se faire kidnapper par une bande de pirates qui navigue sur les mers mortes à bord d’un bateau fantôme.
Voilà notre héros embarqué de force dans une quête sanglante et obligé, tôt ou tard, de se salir les mains…
Scrineo – 368 pages – 17,90 euros.
#ISBN9782367406602
Une aventure à la fois magnifique et éprouvante, alors que notre planète se meurt…
On frôle le coup de cœur ? Non, mieux encore, on est en plein dedans, comme une flèche aiguisée qui vient se ficher exactement là où il faut pour bouleverser le lecteur que je suis. Avec cette couverture d’une intensité incroyable, et une quatrième de couverture à me faire pâlir d’envie, j’ai sauté sur l’occasion de découvrir ce roman en avant-première, grâce aux éditions Scrineo ! En tout cas, cette lecture n’est certainement pas comme les autres…
Oural se tenait appuyé sur les remparts de la forteresse. Tout autour, ce n’était que le désert, à perte de vue. La Terre avait bien changé depuis quelque temps, et plus rien n’était comme auparavant, comme dans sa jeunesse… Au cœur de cette citadelle fortifiée, les derniers survivants de cette région aux paysages chaotiques y vivaient, à l’abri, pompant de l’eau dans l’une des rares nappes phréatiques qui n’était pas encore totalement asséchée. Aux côtés de Oural se tenait Sélène, sa garde du corps, armée de son fusil. Elle n’avait d’yeux que pour la cité, omettant totalement de sa vie ce qui se trouvait à l’extérieur de ses murs, le néant apocalyptique. Oural était un exorciste, le seul capable de protéger la citadelle avec efficacité pour le moment. Après la mort de toutes les espèces marines et la disparition des immenses étendues océaniques, des marées continuaient de monter et de frapper tous les recoins de la planète, sauf que celles-ci n’étaient pas formées d’eau, mais des âmes déchirées des animaux tués de la main de l’Homme…
Oural avait décidé de se rendre au centre de la citadelle, là où les ouvriers se démenaient pour que tous puissent survivre, au détour des cultures agricoles. Mais l’exorciste ne pouvait pas déambuler sans être remarqué, lui qui tenait la vie de toutes ces femmes et ces hommes entre ses mains à chaque fois que la marée venait à monter. Un groupe se forma autour de lui, s’agrandissant avec les rumeurs de sa présence. Une femme se détacha du groupe pour le rejoindre, très vite éconduite par Sélène, dont la mission était de protéger Oural de tous les dangers possibles et imaginables. Cette femme demandait une bénédiction, et Oural la lui offrit. A l’abri des regards, Sélène et Oural s’embrassèrent, après avoir évoqué les futurs pouvoirs de Durance, une jeune enfant dotée elle aussi des mêmes capacités que Oural. Mais alors que leur baiser venait de commencer, Sélène ressentit un changement brusque dans la façon d’être de l’exorciste. La marée montait et n’allait pas tarder à frapper la forteresse, charriant les âmes désolées des animaux marins avides de vengeance…
Une intrigue à la puissance imaginaire immense, chargée de messages forts et de rencontres formidables !
Je suis déboussolé, dérangé dans mes habitudes de lecture. Ce roman n’est pas une simple histoire imaginaire comme les autres, cette dernière agit comme une usine à réflexions, en nous remettant à notre place d’être humain, petit certes, mais capable de changer les choses à son niveau. Mers Mortes est un hymne à la vie, bien qu’il en dégage des notions de désespoir, de peur primaire et d’excuses infondées répétées depuis des générations pour se défendre de l’immensité des dégâts causés par l’Homme. C’est une histoire qui chamboule, dont le réalisme et certains dialogues peuvent s’avérer violents de par leur exactitude, qui m’a entraîné dans mes retranchements, qui force à se poser des questions et à comprendre toutes les strates que comportent ce livre. Car oui, il y a une histoire divertissante au premier abord, mais pas que, qui m’a clairement fait oublier le quotidien et mes pensées routinières, pour me plonger dans les aventures désespérées des survivants de notre planète bleue, dont le nom pourrait bien être modifié en conscience de cause ! Les mers ont disparu, tout comme les océans d’ailleurs, et il n’en demeure que de rares flaques par ci par là, en guise de vestiges d’un monde où l’eau recouvrait presque toute la surface du globe…
Plus on s’enfonce dans cette lecture très prenante de par la force du sujet abordé, plus on comprend certaines choses et leur importance. Je me suis posé beaucoup de questions sur le personnage de Oural, et même des autres membres de l’équipage, quant à leur servilité face au capitaine du navire. Est-ce un moyen de nous mettre face à notre condition, de se laisser mener sans discuter les ordres, puisque c’est dans l’ordre normal des choses ? Beaucoup de sentiments se dégagent de ce roman, et je suis passé de la fascination de voir à quel point la nature pouvait reprendre ses droits, portée par les idées de l’auteure, au dégoût de nos actes, en passant par une extrême curiosité face aux événements et aux dénouements qui allaient arriver. Le suspense est à son comble dans cette intrigue, d’autant plus que les protagonistes sont attachants au possible, alors comment ne pas avoir envie de les voir réussir dans leur quête, et de les découvrir davantage ?
J’ai vraiment adoré la façon dont Aurélie Wellenstein a pensé ce roman, en y insufflant tellement d’émotions et de sentiments, en façonnant des paysages et des scènes qui m’ont fascinés, et en bâtissant des personnages avec, chacun, une force de caractère et une personnalité incroyable. Oural a été ma première rencontre, un exorciste d’une importance capitale face au monde détraqué dans lequel tous vivent désormais. Il est jeune, très jeune même, par rapport à la mission qui lui a été donnée, et dont il ne peut se soustraire. Mais, avec lui, Sélène, sa garde du corps, est constamment auprès de lui pour l’épauler et le tenir à l’écart des dangers physiques. Je l’ai beaucoup appréciée, de par son dévouement et l’importance qu’elle a dans la vie de Oural. Mais c’est sans évoquer Trellia, une dauphine incroyable et Bengale, le capitaine du navire, nommé le Naglfar, qui est aussi fascinant que troublant, et dont j’ai eu envie de percer les secrets dans les moindres détails… Aurélie Wellenstein m’a offert un de ces moments de lecture dont on ne ressort pas le même. On sait, à cette sensation, que le livre que l’on tient entre les mains nous a apporté bien plus que du divertissement. Ce roman est une véritable tuerie, au sens propre, comme au figuré !
Ma note : 5/5