Fille de maître d’armes, Kaelyn rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres rêvent d’un beau mariage. Elle a le talent, l’instinct, la volonté. Elle ne demande qu’à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c’est un monde dur, un monde d’hommes, où la place d’une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles.
Il va falloir lutter. Alors elle s’engage dans cette grande armée qui recrute partout des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d’Azman, plaque tournante de l’esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l’invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes…
Scrineo – 469 pages – 16,90 euros.
Des promesses et des déceptions…
Après avoir été enchanté par la série du Puits des Mémoires, je me suis laissé tenter par les autres romans de l’auteur. « La Maîtresse de Guerre » est un one-shot classé en catégorie fantasy, même si cet aspect n’est pas prédominant. On retrouve clairement le style de l’auteur : son écriture incisive, claire et très imagée. Les scènes de combat restent son point fort : vivantes et efficaces. Par contre, je suis toujours à la recherche de descriptions ! Il y a pourtant de beaux paysages et de grandes cités, pourquoi se limiter autant dans le visuel ?
Autant au niveau des personnages, ceux-ci sont plutôt bien réussis. Pas aussi bien que dans le Puits des Mémoires, mais je pense que l’auteur croule vite sous le nombre, car il y en a un paquet à animer dans cette courte histoire. Si on se limite aux protagonistes principaux que sont Kaelyn, Hadrian, Valès et Fenia, on ne peut qu’apprécier le travail de l’auteur en la matière. Entre le mystère, la rage, le plaisir du travail bien fait ou l’art de la manipulation, ils ne peuvent nous rendre insensibles ! C’est le cas de le dire.
« La Maître de Guerre » m’a parfois fait penser à « La Traque » dans son déroulement, avec ses trahisons, la recherche d’un ou plusieurs individus, l’emploi de l’assassinat et des nécromants. C’est ça qui est intéressant avec Gabriel Katz, il poursuit la construction de son univers à travers d’autres œuvres. On entrevoit ainsi des clins d’œil au Puits des Mémoires : le Doyen des Mages est cité, les terres Communes et du Nord participent même à la bataille, citant leurs dieux qui demeurent les mêmes.
J’ai été déçu par la rapidité de l’intrigue. Tout va beaucoup trop vite. Ce n’est pas habituel avec cet auteur, qui a tendance à étaler et à prendre le temps sur plusieurs volumes et c’est vraiment dommage. Il faut s’accrocher pour retenir le nom des personnages secondaires et percevoir les changements psychologiques, quasi imperceptibles, chez notre héroïne.
De même, la fin de ce roman a un goût amer, un semblant d’inachevé. Peut-être qu’un épilogue aurait pu arranger les choses ? Tout s’arrête net et seules les quelques pages finales lèvent le doute sur la fonction de la Maîtresse de Guerre. Les autres personnages sont totalement passés à la trappe… C’est vraiment décevant.
En bref, c’est un roman que je conseille pour la qualité de son intrigue, ses scènes d’empathie et ses moments où l’on ne ressent qu’une seule envie : rentrer dans l’histoire pour mettre une raclée à cette satanée Fenia. C’est assez prenant et rapide, omettant les détails et faisant l’impasse sur certains points, ce qui peut frustrer les lecteurs avides de vraie fantasy.