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Steampunk

Les Poètes du Chaos : Paris 2055, de William Mallowney

By 3 mai 2019février 13th, 2025No Comments

2035 : l’apocalypse a pris la forme d’une brume opaque. Alors que le monde s’abîmait dans le chaos, les survivants ont eu le choix : rejoindre l’utopie imaginée par les Poètes, sur les toits au-dessus du brouillard, ou bien se laisser convaincre par les Ephémères, êtres humains augmentés, individualistes forcenés, guidés par la recherche du profit, quitte à accepter la transformation de leur corps pour vivre en pillards dans les décombres. Une guerre inégale s’en est suivie, avec la disparition de la première République du Chaos.

2055 : l’un des derniers Poètes encore en vie erre dans une Europe morcelée en communautés rivales, amenées à coopérer lorsque les circonstances l’exigent. Son nom de code : Voyageur. Il ne mène qu’un combat solitaire contre des Ephémères en passe d’anéantir ceux qui n’adhèrent pas à leurs projets. Les Poètes de Paris, longtemps crus disparus ou résignés, lancent alors un appel à la lutte.

Voyageur décide d’y répondre et de protéger une capitale tant dévastée que reconstruite. Au gré des rencontres et des retrouvailles, son baroud d’honneur ravive des espoirs oubliés. Et si une deuxième utopie était possible ? À condition de la sauver de la bataille qui se profile…

Librinova – 539 pages -19,90 euros (broché) – 1,99 euros (ebook).

Un roman étonnant, où le chaos côtoie des Poètes, avec un mélange des genres finement pensé !

Je tiens à remercier Librinova, ainsi que l’auteur, pour m’avoir permis de découvrir ce roman. Je dois dire que la quatrième de couverture m’a tout de suite interpelé, avec cette histoire de Poètes et d’Éphémères, ces derniers étant des êtres humains augmentés plutôt intéressants. Et même malgré ce petit spitch très complet, d’autres surprises parsèment encore cette lecture…

Voyageur venait de reprendre conscience, là, dans une salle d’interrogatoire à la luminosité tremblotante et incertaine. La mine n’était pas loin, et les personnes qui se tenaient devant lui venaient de s’arrêter de lire une pile de feuilles placée devant eux. Au milieu, il y avait Diepenhalen, dont l’accent flamand ressortit lorsqu’il s’adressa à l’experte scientifique située à son côté. Alors que de son autre côté, un représentant du syndicat, dont les années de travail dans la mine et les bières ont quelque peu modifié son apparence physique. L’ambiance était franchement glauque, et s’il ne répondait pas correctement aux questions qui lui étaient posées, deux gueules noires l’encadraient pour s’occuper de lui le cas échéant. Ligoté, il était impuissant face à cette situation…

Il était accusé de vol, alors qu’il avait été surpris auprès des stocks de charbon, située dans l’enceinte fortifiée de la mine. Mais selon Voyageur, tout ceci n’était qu’une mascarade destinée à enrichir encore davantage les magasiniers qui géraient les stocks. Voyageur n’était pas arrivé les mains vides pour payer sa ration de carburant, mais ce ne devait pas être suffisant… Voyageur était l’un des derniers Poètes en activité, et ses connaissances comme ses idées valaient de l’or, surtout en ces temps difficiles où les Éphémères prenaient le contrôle du monde. Négocier avec eux, c’était être protégé sur l’instant, mais sans aucune garantie dans l’avenir… Déjà, ils demandaient vingt pour cent de la production de charbon de la mine, en échange d’une tranquillité fragile, beaucoup trop fragile. Et Voyageur arrivait à point nommé.

Une intrigue complexe, très explicative, qui recèle tant de détails et de pensées.

J’ai été très étonné par cette lecture, qui s’est avérée bien plus enrichissante que je ne l’aurai cru au premier abord. Le récit est d’ailleurs très explicatif, avec de l’action certes, mais ce n’est pas l’élément majeur. L’auteur y a mis de son temps, de son savoir ainsi que de ses pensées, c’est indéniable. J’ai même trouvé que par moments on pouvait même frôler la limite où trop d’information tuait l’information. Il faut savoir prendre le temps de lire ce récit et de digérer les propos de l’auteur. L’aspect politique est marqué, avec la mise en place souhaitée d’une utopie par les Poètes. J’ai d’ailleurs adoré toutes les paroles de l’auteur sur la société moderne et ses dérives, rédigés avec beaucoup de détails. Je me suis retrouvé dans ces propos, et j’ai souvent partagé le même avis.

Au niveau de l’histoire, j’ai trouvé l’intégration des personnages difficile à suivre. Et même s’ils ne sont pas des dizaines et des dizaines, ils se retrouvent noyés sous la couche explicative et j’ai eu beaucoup de mal à les remettre dans leur contexte à certains moments de ma lecture. L’intrigue en elle-même est intéressante, et que dire des décors où se déroulent tous les événements ! C’est un roman qui se veut entre le steampunk et le cyberpunk, avec beaucoup d’inspiration et d’idées. J’ai vraiment adoré la description de ce Paris revisité, et toute cette ambiance qui tourne autour du brouillard bas qui englobe la ville et empêche aux récoltes de pousser et de vivre sous les lueurs du soleil. La population s’est adaptée à ce mode de vie, et le résultat est clairement étonnant et merveilleux. Les images sont magnifiques et les descriptions sont le point fort de ce roman.

Il y a beaucoup de poésie, entre les poèmes que l’on retrouve dans le récit et la beauté des paysages. Plus qu’un simple roman, j’ai trouvé que ce récit était un mode de pensée, une utopie que l’auteur voulait créer et dévoiler, avec peut-être la volonté de faire changer un peu les choses et de décrier un système à bout de souffle, très exagéré par les Éphémères qui ne jurent que par la bourse et les gains financiers au profit de tant d’autres aspects humains. C’est d’ailleurs ceci qui m’a le plus surpris, je ne m’attendais pas à ce que l’histoire soit autant axée sur la politique, la finance et la critique du monde en règle générale. C’est quelque chose qui me parle, et que j’ai beaucoup aimé. Seule ombre au tableau, l’intrigue gagnerait à être davantage mise au-dessus pour lui permettre de dévoiler son plein potentiel. Parce que du potentiel, il y en a. Et certaines scènes resteront bien ancrées dans ma mémoire, par leurs intensités et leurs décors fabuleux !

Ma note : 3,5/5

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