1461, Japon.
Hikari, une mystérieuse jeune femme, vit avec ses sœurs dans une forêt peuplée de petits Dieux de la province d’Izumi. Fascinée depuis toujours par les humains, elle s’intéresse de près aux villageois installés au pied de la montagne, et plus particulièrement à Jun, l’un des bûcherons. Mais le contact avec les hommes est formellement interdit par son clan…
2016, Tokyo.
Depuis toujours, Mina a le pouvoir de voir et de côtoyer les yokaï, esprits et monstres du folkore japonais. Solitaire à cause de ce don qu’elle doit cacher à tous, la jeune fille ne se sent pas à sa place dans la société.
Jusqu’au jour où un esprit tente de s’introduire dans ses rêves et que Natsume, une fille de sa classe, l’entraîne dans une chasse au démon à travers la capitale…
Deux univers qui se croisent, deux destins qui s’entremêlent, entre quête d’identité et désir d’émancipation.
Scrineo – 592 pages – 18,90 euros.
Une histoire exceptionnelle et d’une beauté rare, qui regorge d’émotions et nous transporte dans les méandres du folklore japonais.
Je tiens à remercier les éditions Scrineo pour leur confiance. C’est aussi grâce à ce partenariat avec eux que je peux me lâcher et découvrir des romans qui ne me seraient jamais venus à l’esprit. C’est le cas avec ce livre, et je dois dire que la différence est palpable entre son premier roman, Rouille, et celui-ci. On passe d’un univers steampunk à l’ambiance plutôt glauque à un monde basé sur les coutumes et les croyances japonaises.
En 1467, au cœur de la province d’Izumi au Japon. Assise sur un rocher en flanc de montagne, Hikari observe un village plus bas dans la vallée. Elle attendait là que le soleil daigne se lever pour colorer de ses rayons les maisonnées des habitants qu’elle regardait d’un œil attentif. Le village s’éveillait en douceur. Hikari admirait ces gens, à la vie bien différente de la sienne. Les bûcherons s’activaient et rejoignaient la forêt pour en prélever de quoi subsister et nourrir leurs familles. Elle avait vu ce petit village naître et prospérer peu à peu, curieuse aux mouvements des êtres humains qu’elle ne pouvait pas approcher. Derrière Hikari, quelqu’un se rapprochait. C’était Akane, sa sœur, qui s’inquiétait de ne pas trouver Hikari. Mais cette dernière avait disposé des lièvres à ses pieds. Elle était sortie chasser, et se contentait de contempler le lever de soleil. Mais les doutes s’insinuèrent dans la tête d’Akane. Elle savait pertinemment que sa sœur ne lui disait pas toute la vérité.
En 2016, à Tokyo, au Japon, Mina sortit de son appartement et découvrit un chat tigré grassouillet. À son air étrange, elle pensait qu’il se moquait d’elle. Ses poings se serrèrent mais elle ne fit rien. Le manque de sommeil lui faisait imaginer tant de choses qu’elle ne savait plus vraiment discerner le vrai du faux. Dans le doute, mieux valait s’abstenir et tenir l’hypothèse la plus probable qu’il ne s’agissait que d’un chat des plus normaux. Ces derniers temps, les cauchemars n’avaient pas fini de tourmenter ses nuits. Elle enfila ses gants et reprit son chemin jusqu’à tomber sur une voiture accidentée. Quelqu’un était assis sur une rambarde à observer la scène de son teint pâle et grisâtre, et adressa une signe de la main à Mina. Mais elle fit mine de ne pas l’avoir aperçu. Ce genre d’apparition ne lui plaisait guère, même si elle devait bien s’y faire. Mina avait un don qui lui permettait de voir les revenants…
Une intrigue profonde, divisée en deux époques, avec deux histoires qui viennent peu à peu s’entrechoquer et entrer en symbiose…
Ce roman, c’est quand même quelque chose. Je ne vais pas mâcher mes mots, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire au début. Déjà, je ne suis pas un grand connaisseur du Japon en règle générale, alors là tout s’avère être une découverte totale. C’est d’ailleurs un point que j’ai très apprécié, d’être perdu au milieu de cette intrigue et de cette foule d’informations totalement nouvelles pour moi. J’ai pu apprendre pas mal de nouveaux termes, spécifiques à la culture nipponne et entrer dans un monde qui m’était totalement inconnu jusqu’alors. Mais revenons à nos moutons ! Ce genre d’histoire est tellement atypique pour moi qu’il m’a bien fallu dépasser les 150 pages pour vraiment commencer à apprécier son déroulement. Il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’action dans les premières pages, mais j’ai été attiré par tout ce folklore, alors qu’émergeaient en moi les premières interrogations sur les événements qui se déroulaient…
J’ai été émerveillé par toute cette symbolique et ces mythes japonais mis en avant dans ce roman. Cette histoire résonne comme un comte à mes yeux, avec du merveilleux mais aussi quelques scènes beaucoup plus intenses et tristes. Il m’a fallu entrer dans l’intrigue en profondeur et apprendre à connaître les personnages pour pouvoir appréhender leurs pensées et leurs envies. Une fois cela fait, j’ai réalisé à quel point les enjeux pouvaient être immenses pour une simple petite quête de liberté. On fait d’ailleurs facilement la part des choses puisque l’intrigue est tournée en deux époques. L’une en l’an 1467, dont l’axe temporel va évoluer au cours de la lecture, et l’autre en 2016. Cette dernière prend place à Tokyo et l’auteure m’a permis également de visiter, au travers de son histoire, cette ville aux milles saveurs et aux quartiers plus sombres.
J’ai été totalement admiratif devant les descriptions des lieux et des décors, qui recèlent tant de réalisme qu’on s’y croirait. Et lorsque je me suis enfin mis à entrer dans l’histoire, en compagnie de ses personnages fabuleux, il est devenu presque impossible de me détacher de ce pavé de près de 600 pages. Il peut paraître effrayant vu de l’extérieur, mais il se lit avec autant de rapidité que de passion. Hikari et Mina apparaissent comme mes personnages préférées, ce sont des femmes fortes qui ne se laissent pas démonter au moindre à-coup dans leurs existences. Il y a aussi Natsume, ou encore Mayuri, deux protagonistes clés dans la vie tourmentée de Mina. Mais il y en a tant que j’ai adoré que tous les citer prendrait tellement de temps ! Les personnages sont fouillés, intéressants, et ne m’ont jamais laissé indifférent. Même que certains mériteraient carrément que j’aille moi-même m’occuper de leurs cas ! Les Noces de la Renarde est un roman exaltant, empli de poésie, qui met en lumière deux mondes, deux époques avec des pensées bien différentes, avec deux maîtres mots en arrière-plan : l’amour et la haine.
Ma note : 4,5/5