Le progrès est une flèche qui déchire les consciences. Quel partage des eaux incite certains d’entre nous à sen faire les artisans et d’autres les contempteurs ?
Au fil d’un dialogue riche en références, en échappées, en digressions, l’une des plus grandes scientifiques françaises, la physicienne Catherine Bréchignac, se confronte aux objections, appréhensions et résistances d’Arnaud Benedetti, professeur associé en histoire de la communication à Paris-Sorbonne.
En se saisissant de 7 grands enjeux de notre époque (les écrans, la communication, les fake news, l’intelligence artificielle, le transhumanisme, la planète et les limites), ils s’interrogent sur la vitesse, le temps, la politique, la science, notre rapport à la technologie, la nature, etc. Mais le fil directeur de leur dialogue les ramène toujours à la question du progrès : quand l’un doute, l’autre explique ; quand l’un s’inquiète, l’autre rassure ; quand l’un en appelle à une forme d’irrationalité incompressible, l’autre souligne le rôle de la raison.
Un face-à-face détonnant qui fait de ce livre un objet à part : à la fois essai, controverse et récit.
Parce que la peur ne rend pas plus intelligent…
Humensciences – 173 pages – 20 euros.
Une discussion passionnante sur les nouvelles technologies, au détour d’une balade sur les bords de Seine…
Ce livre, c’est avant tout une discussion, une mise en abîme sur les nouvelles technologies et leurs conséquences, qu’elles soient positives ou négatives. C’est au travers de ce débat, qui se complète, à mesure que Catherine et Arnaud échangent, que des perspectives émergent et que des sujets de réflexion pointent le bout de leur nez. C’est un livre à l’accent clairement scientifique, avec beaucoup de références sur tous sujets, surtout philosophiques.
Catherine est l’ancienne directrice du CNRS. Aujourd’hui, elle travaille à l’Académie des sciences. Arnaud est professeur associé à Paris-Sorbonne, son métier est plutôt axé communication. Ce sont deux visions du monde, deux personnes curieuses qui aiment échanger. Leurs discussions passionnantes répondent à sept sujets qui leur sont imposés, et autour desquels ils peuvent ensuite graviter. Citant des exemples, mettant en avant des situations particulières, ils savent penser à des choses et créer des cheminements logiques vers leurs idées. J’ai souvent été surpris par leur façon de penser, et par leur vision des différents sujets, vus sous un autre angle.
Du devenir des écrans au cœur de notre société, qui rassemblent autant qu’ils éloignent. Dans tous les secteurs d’activité, dans tous les foyers, ils sont devenus indispensables, rendent une certaine liberté apparente au profit d’une traçabilité des recherches sur internet et d’une perte de l’anonymat. L’invention des écrans a totalement modifiée la perception de la communication, et la création de fake news, relayées par des sources douteuses, a fini par avoir des conséquences importantes pour certains d’entre-elles.
D’autres sujets, parmi l’intelligence artificielle et le transhumanisme, sont ceux qui m’ont le plus marqués. Déjà, la traduction même du terme « intelligence artificielle » peut être soumise à interprétation. Il s’en suit des réflexions intéressantes sur la réalité des IA et leurs possibles capacités. Le transhumanisme reprend un sujet qui sera abordé plus tard, celui des limites. Cette limite là est biologique et sert à la vie. Certains tentent de faire reculer cette barrière pour créer un corps qui soit endurant sur une durée beaucoup plus importante. Les cellules vivantes s’oxydent, tout comme le métal, mais avec un rapport temporel différent. Le métal est bien plus résistant.
La dernière partie a été choisie à la perfection. Les découvertes scientifiques auront-elles une limite finie ? Pouvons-nous tout connaître, sur tout, sans pouvoir s’améliorer encore et encore ? Les limites sont partout, comme celle de la lumière. Ces dernières décennies, l’être humain a toujours su concevoir des machines pour se déplacer plus rapidement. Mais là, des progrès sont encore possibles ! Mais la question demeure en suspens, le progrès est-il dangereux ? Peut-il courir à notre perte, à la perte de nos habitudes et de notre humanité ? Entre réponse politique et scientifique, deux mondes que tout semble opposer, et qui pourtant travaillent de concert, avec parfois quelques problèmes de communication !
Ma note : 4/5