Quand Tiril va subir un accident de la circulation de plein fouet, sa vie ne sera plus jamais la même… Atteinte d’aphasie, sa capacité à communiquer vient de mourir, brutalement. Ses difficultés vont l’isoler peu à peu, alors qu’elle se bat avec ses propres pensées néfastes.
Bergen, Norvège.
Tiril est atteinte d’aphasie partielle depuis l’accident de voiture avec sa mère. Incapable de s’exprimer comme elle le souhaite, elle ne supporte plus ses parents protecteurs, ni son ex petit-ami harceleur.
Au creux de son esprit, l’aphasie ne cesse de lui rappeler qu’elle est incapable de redevenir celle qu’elle a été. Pourtant, elle trouve le courage d’envoyer une de ses chansons à un label de musique.
Coup de massue. Sa création est attribuée à la nouvelle star de la pop, Freia. Mais Tiril ne peut pas en rester-là, il faut qu’elle récupère ses droits, et pour cela, elle doit se remettre à vivre, à s’ouvrir aux autres…
Scrineo – 320 pages – 16,90 euros (broché).
Date de sortie : 4 juin 2020.
Un roman authentique dont le personnage principal vit avec l’aphasie, un trouble du langage handicapant…
Je tiens à remercier Scrineo pour l’envoi de ce roman. Avec cette lecture, on oublie un peu l’imaginaire et la SFFF pour se rendre dans un tout autre monde. La réalité, toute simple, mais aussi la plus dure. Il existe des événements malheureux qui changent des vies, et dont les conséquences se ressentent au quotidien. Cette lecture promet d’être riche en émotions, avec des personnages authentiques, dont les troubles du langage les malmènent en toutes situations…
Tiril vivait avec ses rêves et ses ambitions. Elle savait ce qu’elle voulait faire de son avenir. Oui, mais c’était avant. Avant cet accident qui venait de bouleverser tous ses plans. Sa mère se tenait au volant. Rien n’aurait pu éviter le choc. Pourtant, les mensonges vont désormais faire partie de la vie de Tiril. Ses parents semblent désemparés, prétextant que sa maladie finira par se soigner. Que toute cette histoire ne sera plus qu’un mauvais souvenir, bientôt. Mais rien ne change. Tous les jours se ressemblent, et chaque lendemain est pire que la veille…
Ce roman présente un pays que je ne connais pas fort bien. La Norvège. Des éléments passionnants de leur culture transparaissent dans ce livre. J’ai adoré suivre ce voyage littéraire, au cœur d’une manière de vivre bien différente de la nôtre.
Trois destins marqués par des troubles du langage, trois existences difficiles qui s’ancrent dans une dure réalité…
Ce roman présente une trilogie de personnages, tous handicapés par des troubles du langage. Tiril doit vivre avec une aphasie, suite à un accident de voiture. Depuis, elle ne parvient plus à s’exprimer correctement. Ses pensées sont claires, pourtant, ses paroles ne se prononcent plus avec autant de facilité. Elle butte sur ses mots, rencontre des difficultés à faire des phrases complètes. Communiquer avec les autres à l’oral devient un véritable calvaire.
Elle avait des amis, et même un petit ami, avant que tout bascule. Des vérités ont éclaté, de celles qui détruisent les sentiments et laissent des séquelles. Seul un ami lui est resté fidèle. Mikkel. Lui aussi a quelques soucis de communication. Il n’écrit pas aussi bien que tous les autres. Il enchaîne les fautes dans ses messages. Quant à Amena, une syrienne immigrée, elle aussi a du mal à trouver les mots et à les organiser. Ce nouveau pays d’accueil dans laquelle elle vit lui impose d’apprendre une nouvelle langue.
Tiril, la personnage principale aux grands combats intérieurs…
Tiril représente celle que l’on suit le plus au cours de cette histoire. Ce roman se découpe entre deux points de vue. Celui de Tiril, et celui de « A », une entité maléfique qui habite les pensées de Tiril. En réalité, ce sont ses pensées négatives apparues avec sa maladie qui se matérialisent au travers de ce personnage intérieur. « A » pour faire le lien avec le trouble qui s’est abattu pour elle. L’Aphasie.
Tiril doit donc composer avec ce protagoniste intérieur qui la malmène. Mais, quand je me suis mis à penser à lui comme une présence néfaste, il arrive que ce fameux « A » donne des idées et des solutions à son hôte. « A » représente aussi la sincérité, la vérité, dure et intègre, que l’on a du mal à comprendre, que l’on ne veut pas voir en face à face.
Une passion pour la musique et l’écriture qui tourne au cauchemar…
Tiril semble s’attirer des ennuis tout au long de cette histoire. Elle se fâche avec son meilleur ami Mikkel, avec ses parents, et même la maison de disque dans laquelle elle avait envoyé ses textes lui a tourné le couteau dans la plaie. On lui a volé son texte. Tiril, à cause de son trouble, vit avec une confiance en elle dérisoire. Elle n’arrive plus à écrire. Elle ne sait plus aligner les mots, comme si sa machine créative s’était figée à jamais, tournant parfois au ralenti.
Alors, quand elle entend une chanson, de Freia, son monde s’écroule. Freia, son idole. Qui chante sa propre chanson. Dans ses combats intérieure se mêle tous ces éléments extérieurs. Tiril vit dans son propre monde, dans ses problèmes, sans se soucier des autres, de tout ce qui se passe autour d’elle. Elle ne voit plus qu’elle. Ce qui vient à l’isoler, à la changer. Ce personnage, authentique, incite à se poser des questions sur l’adolescence et le handicap, dans une période scolaire où les autres étudiants sont immondes entre-eux. Les moqueries prennent des propositions immenses pour Tiril.
Son monde est au bord de la rupture totale, flirtant aux frontières de la vie. Sa vie familiale devient un enfer, et sa mère, déjà trop présente, est sur le point d’obtenir un accord pour travailler à mi-temps, et ainsi se libérer du temps pour sa fille.
Quand tout se retourne contre Tiril, que faire ? Continuer à écrire, quitte à se faire voler ses textes ? Ou tout lâcher, pour de bon ? Car, autour d’elle, la vie continue. Et il arrive un moment où des choix doivent être faits, où des événements malencontreux doivent être affrontés.
Ma note : 4/5