Eugénia n’est pas humaine. C’est une andréïde, une femme artificielle, conçue pour des besoins peu scrupuleux. Mais elle se cherche. D’où vient-elle ? Comment est-elle venue au monde ? Eugénia se pose des questions sur sa nature et sur l’évolution de son corps. Après tout, comment savoir de quelle façon son existence va se terminer, lorsqu’elle se rend compte qu’elle est la première andréïde à avoir l’occasion de vivre ?
« Je commence aujourd’hui cet ouvrage, ou du moins sa première ébauche, consacré au sujet inédit et encore bien peu documenté qu’est la biomutation (le néologisme est de mon cru.) La biomutation désigne un phénomène déjà amplement constaté, mais encore jamais étudié de manière rigoureuse et scientifique : la capacité qu’ont les objets inertes, et ce tout spécialement quand ils atteignent un haut degré de sophistication à, pour le dire vulgairement, prendre vie. »
Brouillons du professeur Mirandol Brussière.
Quand la jeune Eugénia trouve refuge dans la maison du professeur Brussière, physicien en retraite dirigeant un petit cercle d’érudits, elle ne révèle pas immédiatement son extraordinaire nature : elle n’est pourtant autre que l’andréïde, la première femme artificielle, prodige d’une mystérieuse technologie décrite par Villiers de l’Isle-Adam dans L’Ève future. Avec l’aide du professeur et des membres du cénacle, un étudiant passionné, un dandy mélomane, un aventurier aguerri et une voyante excentrique, Eugénia part en quête des secrets de sa conception, car une question obsessionnelle occupe son esprit : une machine peut-elle posséder une âme ?
Editions du Chat Noir – 350 pages – 19,90 euros (broché) – 5,99 euros (livre numérique).
Une histoire à l’ambiance aristocratique raffinée, qui envoie du très lourd !
Je ne lis que très peu de romans des éditions du Chat Noir. D’ailleurs j’essaie de rattraper mon retard en faisant le tour des maisons d’édition ! J’ai choisi ce livre grâce à la présence de l’auteure sur un salon littéraire, à Arras. Sinon, je serai passé à côté sans même me rendre compte de son existence, autant être franc !
Ce roman fait suite à une nouvelle, publiée dans une anthologie nommée Montres Enchantées. L’histoire débute directement à la suite de cette nouvelle, c’est pourquoi cette édition propose de découvrir ce texte préliminaire à l’occasion du prologue. Cette nouvelle, courte mais intense, ne se suffisait clairement pas à elle-même. Elle ressemblait à un commencement. J’aurais été peiné de la lire sans pouvoir découvrir la suite. Alors me voilà rassuré. Tant de personnages s’intégraient dans l’intrigue, sans pour autant avoir le temps de se développer. Ça aurait été bien dommage de s’arrêter là !
Un passé alternatif, où les prouesses technologiques font partie du quotidien !
Alerte ! Coup de cœur ! Sonnez la fin de l’alerte. Tout va bien. Bon, ça y est, je viens de terminer ce pavé qui ne paraît pas en être un. D’extérieur, il ressemble à tous les autres, et pourtant, à l’intérieur, il est bien dense le petit ! J’avoue avoir eu peur que ce roman me déplaise. Ça aurait été double peine. Mais j’ai adoré, alors voilà.
D’abord, il y a cette nouvelle qui donne l’eau à la bouche. Ensuite, il y a Eugénia, une femme qui n’a rien d’organique, attachante et tellement touchante. Je me suis mis à idolatrer ce personnage dès son apparition. Je me suis convaincu, au fil des pages, de mon choix : voilà ma petite préférée de l’histoire.
Des personnages charismatiques au charme éloquent !
Mon autre personnage préféré est Eusèbe, un jeune homme intelligent, épris d’Eugénia, à la façon aristocratique du terme. Que dire de cette ambiance folle ? C’est la grande classe, clairement, du fond jusqu’à la forme. L’histoire mêle un passé alternatif avancé technologiquement, avec des personnages fabuleux, portés sur des principes équivoques. J’aurais aimé vivre à cette époque, ne serait-ce que pour me vêtir, parler ou me tenir comme les personnages de ce roman. Ce texte, écrit dans un langage soutenu, apporte une touche de profondeur. D’habitude, j’ai horreur de ça, de tout ce qui alourdit la lecture. Mais là, la fluidité du récit n’a pas été impactée. C’est un coup de maître !
J’ai été ravi de pouvoir découvrir cet univers, habilement construit, entre science-fiction et uchronie, avec une légère pointe de steampunk. Désolé si je vois du steampunk partout, d’ailleurs ! J’ai adoré suivre le parcours de ces belles personnes, adorables, ayant tous des talents particuliers dans leurs domaines respectifs. Côtoyer des protagonistes intéressants sur le plan intellectuel a largement aidé à me faire adorer cette lecture. Sans parler de la dernière note du professeur Mirandol, qui vient clôturer ce roman. Elle résume à elle seule les pensées principales de ce texte, teintées de poésie et de beauté.
Un récit extraordinaire, qui transporte bien au-delà de la matière et de la vie !
Le club des érudits hallucinés, c’est aussi une histoire qui oscille entre noirceur des désirs humains et beauté de la vie. J’ai senti une tension intense tout du long, avec l’envie de savoir de quoi était faite Eugénia, avec l’envie de tout connaître sur son passé.
J’en ai appris bien plus que ça. J’ai même été pris dans le jeu des révélations, des découvertes et de la cohésion incroyable entre tous les membres de ce club de légende. Malgré les nombreuses erreurs contenues dans le texte, qui ne sont pas du fait de l’auteure (absence d’espace entre certains mots, doubles ponctuations, …), je ne saurais que trop vous conseiller de le dévorer !
Ce roman a été une révélation pour moi. Une lecture dont je sors heureux, avec l’envie de parcourir ce monde une nouvelle fois, pour retrouver ces personnages ingénieux et raffinés !
Ma note : 5/5