« Quand Camille vit le poids lourd qui fonçait droit sur elle, elle se figea au milieu de la chaussée. son irrépressible curiosité l’empêcha de fermer les yeux et elle n’eut pas le temps de crier… Non, elle se retrouva couchée à plat ventre dans une forêt inconnue plantée d’arbres immenses.
– Te voici donc, Ewilan. Nous t’avons longtemps cherchée, mes frères et moi, afin d’achever ce qui avait été commencé, mais tu étais introuvable… »
Rageot Editeur – 284 pages – 14,90 euros.
Une aventure fantastique aux frontières du réel
La Quête d’Ewilan est une des sagas cultes qui me tentaient depuis déjà quelques temps. Me voici parti avec ce premier tome, D’Un Monde À l’Autre, qui fait office de préambule à l’univers créé par Pierre Bottero. Entre le monde réel et un tout autre monde où la magie des dessinateurs règne, un seul pas peut réunir l’un à l’autre, alors que les dessins perdent en consistance et que des créatures ennemies refont surface…
Camille avait treize ans lorsqu’elle fit le pas sur le côté pour la première fois. Perdue dans ses pensées, un poids lourd surgit et il était certain qu’il fonçait droit vers elle malgré le freinage d’urgence du conducteur. D’un coup, elle fut transposée dans un autre monde dont elle ne connaissait rien. Sa première rencontre fut un chevalier en armure qui tomba près d’elle après un vol plané lors d’un combat contre une créature redoutable que l’on nomme les Ts’liches. Reprenant ses esprits, le chevalier fit bonne figure et tenta de reprendre le dessus contre la créature mais fit de nouveau un vol au dessus des plantes pour atterrir un peu plus loin. Camille aperçut alors un étrange objet sphérique et d’une beauté rare qu’elle prit dans la plus grande discrétion. Mais le Ts’liche vint vers elle et lui parla en énonçant le prénom d’Ewilan. Tel était le nom de la jeune fille dans cet autre monde. Mais le plus troublant apparut quand Camille refit surface dans la réalité. Aucun doute n’était permis sur son expérience puisqu’elle tenait encore dans sa main l’étrange pierre bleue qu’elle avait ramassé.
C’est son ami, Salim, qui fut le premier à la retrouver sur les lieux de sa disparition et qui s’inquiéta de son absence au collège. Il eut du mal à croire et à comprendre les propos de Camille, mais il finira tout de même par suivre le flot de ses paroles. C’est sur la route qu’ils croisèrent un groupe de jeunes assis sur un banc, ces derniers n’étaient pas avares en moqueries envers Camille et Salim. Ce dernier préférait ignorer leur comportement pathétique et poursuivre son chemin, mais Camille n’était pas de cette idée. Dans sa tête se mettaient en place les premières esquisses d’un dessin. Mais pas n’importe lequel, puisqu’elle imagina le banc se renverser, en propulsant au sol ses occupants, scène qui se matérialisa dans la réalité devant ses yeux ébahis. En rentrant chez elle, dans un quartier aisé et luxueux, Camille fut réprimandée par sa mère adoptive, Mme Duciel, à cause de son manque de ponctualité envers l’horaire imposé pour regagner le domicile familial. Tandis que pour Salim, tout était autrement plus différent, il vivait dans une cité d’immeubles où sa famille ne lui prêtait aucune attention, si bien qu’il dût s’aménager un coin privé sur le balcon de l’appartement pour pouvoir réviser sans être dérangé.
Camille avait la chance de pouvoir travailler en toute quiétude, même si tout pour elle résonnait comme une évidence. Elle n’avait que peu besoin de réviser, alors elle approfondissait ses connaissances dans la bibliothèque de la famille Duciel. Alors qu’elle était installée en train de lire, elle pressentait une présence hostile autour d’elle, malgré la protection des hautes barrières qui couraient autour de la maison et la présence de deux chiens de garde qui gambadaient toutes les nuits dans le jardin. Par la fenêtre, elle aperçut une forme sombre qui déploya un tentacule vers elle à une vitesse incroyable. La vitre vola en éclats, l’alarme se déclencha et les chiens sautèrent sur la présence inconnue. Cette dernière réussit à prendre la fuite en blessant un des deux chiens. Une mystérieuse et énorme araignée venait de prendre Camille pour cible…
Deux collégiens pris dans la tourmente d’un monde dans la dérive
La Quête d’Ewilan est une série qui a déjà fait rêver de très nombreuses personnes, et qui est très appréciée par ses lecteurs. Ce que je peux comprendre après la lecture de ce premier tome. Le style d’écriture est clair et incisif, il nous permet d’apprécier les détails de l’intrigue sans aucune difficulté ni ralentissement. L’univers est vaste et intéressant, D’Un Monde À l’Autre nous en présente les bases et en fait un prélude à de nombreuses découvertes. Le système de magie est original et ses explications sont compréhensibles, avec ses possibilités et ses limites. Elle prend appui sur trois forces, qui sont la volonté, la créativité et le pouvoir. C’est en associant ces talents que l’art du dessin peut transparaître chez un individu. Mais tout est sur le point de basculer alors que les Ts’liches, pourtant supposés disparus, refont surface pour reprendre le contrôle du monde dans lequel ils évoluent. Leur première action consiste à verrouiller les spires dans lesquelles les dessinateurs s’enfoncent pour matérialiser leurs dessins dans la réalité. Ce qui n’oriente pas les possibilités de dessins vers la facilité.
Camille et Salim sont deux personnages attachants que l’on suit tout au long de leurs aventures. Ils n’ont pas grand chose en commun malgré le fait d’étudier dans le même établissement scolaire public, alors que les jeunes tels que Camille sont plutôt dirigés vers des écoles privées. C’est une sorte de quête qui va lui tomber dessus par le plus grand des hasards alors qu’une partie de son passé lui est totalement inconnu. Camille sait faire preuve de discernement face aux événements qui viennent bouleverser sa vie de collégienne modèle et elle va entraîner Salim avec elle dans cet autre monde plein de mystères qui recèle bien des dangers.
La Quête d’Ewilan : D’Un Monde À l’Autre est une lecture très plaisante qui s’accorde parfaitement au genre jeunesse, mais qui n’en fait pas un roman dénué de sens pour autant pour des lecteurs plus âgés. L’univers est travaillé et dispose d’un petit bestiaire de créatures issus du monde accessible en réalisant le pas sur le côté. Tous les personnages qui croisent la route de nos deux jeunes aventuriers sont tous très généreux et accueillants et vont mettre Camille et Salim sur la voie alors que des zones d’ombre s’éclaircissent et que les difficultés vont se dresser sur leur route vers la liberté.
Ma note : 4,5/5