Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?
Gallimard Jeunesse – 483 pages – 18 euros.
Une épopée magnifique dans ce monde tiraillé par les volontés de Dieu et de ses servants…
Après la lecture des deux premiers opus de la Passe-Miroir de Christelle Dabos, je suis parti dans ma dernière lancée avant la fin de cette aventure ! Ah, on me dit dans l’oreillette qu’un quatrième tome est en approche, mais ce ne sera pas avant 2020, encore un peu de patience donc ! J’apprécie beaucoup cet univers très particulier et pourtant fort accessible, et j’avais envie de me replonger au plus vite à la poursuite de Ophélie et de Thorn, surtout après la fin tonitruante du second tome !
Ophélie vit mal son retour sur son Arche d’origine. Elle avait quitté la Citacielle après les terribles événements qui s’étaient produits. Mais là où elle était, elle ne se sentait plus du tout à sa place. Rien n’allait plus. Elle demeure accrochée à son lit, son nouveau repère, depuis deux ans et sept mois. Le temps semblait s’écouler avec une extrême lenteur pour elle. En ce jour de fête des Tocantes, les horloges n’en faisaient qu’à leur tête et n’arrêtaient plus de sonner pour montrer leur présence. Ophélie servait des gaufres aux gens de passage, mais elle n’avait plus aucun goût envers la vie. Elle voulait retourner à son musée et poursuivre le travail qu’elle avait entrepris jadis, mais quelle n’était pas sa surprise lorsqu’elle se rendit compte que toutes les collections ayant attrait à la guerre avaient tout bonnement disparues ! C’est comme si une partie de son âme s’était envolée. Irratrapable. Et alors que tout semblait perdu pour elle, sa famille l’incite au dépaysement, et on lui propose de travailler dans la fabrication de dentelles…
Ophélie reçut une carte postale ancienne, d’un genre peu commun. Tout de suite elle comprit de quoi il en retournait. Une fenêtre, un décapité. Elle sut exactement ce qu’elle devait en faire. Bientôt, Ophélie allait retrouver une raison d’être. Et le retour d’Archibald ainsi que ses compagnons de la Citacielle allait dans ce même sens. Enfin elle retrouvait des personnes avec lesquelles elle se sentait bien. Gaëlle et Renard étaient également de la partie, et même une petite nouvelle, Victoire, qui était la fille de Berenilde et de Farouk. Ils revenaient tous pour faire enfin la lumière sur la mort de la mère Hildegarde et mener leur propre enquête à ce sujet. Ils voulaient remonter jusqu’à son Arche natale, Arc-en-terre, où elle avait grandi, mais plus aucun passage ne permettait de rejoindre cette terre… Mais ce n’était pas sans compter sur le talent de ses amis pour dénicher un passage parmi les Roses des Vents pour parvenir à leurs fins. Une cartographie fut bientôt mise en place. Et Ophélie savait très bien quel passage elle allait emprunter. Non pas Arc-en-Terre, mais Babel. C’est là-bas qu’elle devait se rendre. Et elle savait pourquoi.
Ce troisième tome résonne comme une ode à l’amour alors que les apparences peuvent faire prétendre tout le contraire, sous le joug des illusions et du paraître !
J’ai beaucoup aimé lire ce troisième tome, d’autant plus quand on sait qu’il y en aura encore un dernier après celui-ci. Je l’ai savouré, tout en sachant que la suite ne devrait pas arriver dans l’immédiat. Avec La Mémoire de Babel, on fait un saut dans le futur de deux ans et demi et l’on se retrouve sur l’Arche d’Anima, là où Ophélie se déplait avec vigueur. Elle ne ressemble plus vraiment à la jeune femme combattante que l’on connaît d’habitude, mais ses bonnes habitudes vont reprendre leur cours normal et c’est tant mieux pour nous ! Quoi de pire que de suivre les péripéties d’un personnage en pleine plongée dans les enfers qui ne quitte que rarement son matelas ! Pour nous, tout a été transparent et l’histoire reprend lorsque l’action démarre. J’adore découvrir de nouveaux univers et de nouveaux paysages, c’est donc avec joie que j’ai pu visiter, au travers de Ophélie, l’Arche de Babel. Et c’est quelque chose de faramineux et défiant toute loi de la physique ! Les coutumes des citoyens de cette Arche sont étonnantes, de la façon de se vêtir, de porter des accessoires, jusqu’à la non transgression des règles et les remises en place d’autres citoyens, tout est bien différent de ce que l’on connaît et c’est tant mieux !
Je ne peux pas vous dire à quel point, mais ce troisième tome est une réussite flagrante qui sait allier révélations titanesques et une ambiance étrange, presque mystique, qui donne tellement envie de se jeter sur les pages restantes pour en tirer le maximum d’informations. Je n’ai jamais pu prévoir où l’auteure allait m’emmener tellement Ophélie s’avère être un personnage têtu et pleine de surprise. Elle ne se démonte pas et vise à chaque fois la Lune pour réussir dans tout ce qu’elle veut entreprendre. Elle est comme poussée par sa curiosité, qui est aussi immense que les secrets qui se dissipent dans un bâtiment des plus fabuleux : Le Mémorial de Babel. C’est là qu’une bonne partie de l’histoire va se dérouler et là que les ennuis vont commencer pour Ophélie. C’est un lieu franchement intéressant, où des livres s’y trouvent et forment la mémoire du monde. Forcément, quand il y a des livres, je me sens heureux, alors je n’allais pas être déçu par un tel décor ! Mais ce qui m’a le plus troublé, c’est que Christelle Dabos prend toujours des livres pour appui, comme si tout venait de ces objets…
J’ai été également très surpris par les idées de l’auteure quant à la vie sur Babel. Ses lois en sont un parfait exemple, tout autant que ses moyens de transport, dont le plus remarquable est le Tramoiseau, combinaison de deux mots que vous connaissez parfaitement et dont vous imaginez déjà ce à quoi cela pourrait bien ressembler ! Plus que tout, Ophélie va faire de nouvelles rencontres, et ce, dès son arrivée sur cette Arche dont elle méconnaît tout. Avec uniquement cette carte postale sur elle, son écharpe, quelques affaires et des faux papiers d’identité pour se fondre dans la foule. Ophélie n’était plus. Elle était devenue Eulalie aux yeux de tous. Mais connaît-elle vraiment en profondeur les personnes qui vont croiser son chemin ? Quand un service est donné, certains en demandent beaucoup en retour… Très rapidement, Ophélie va se rendre compte dans quel milieu elle a mis les pieds, et quelles difficultés vont se dresser face à elle pour atteindre ce qu’elle désire le plus au monde : la vérité. Et c’est avec beaucoup de suspense et d’émotions que je me suis retrouvé embarqué dans cette nouvelle aventure, où les enjeux sont bien au-delà de ce que je pouvais imaginer en tournant la première page…
Ma note : 5/5