Bonjour Darren, pour ceux qui ne te connaissent pas, tu es l’auteur du roman Angry, ainsi que de son second tome, Angry : le renouveau. Deux romans à l’ambiance assez sombre qui mettent en lumière une prise de conscience des animaux, qui se rebellent contre leurs maîtres, les humains.
Tu es dans le monde de la littérature depuis déjà quelque temps. Comment as-tu débuté dans le domaine de la chronique littéraire ? Le fait de chroniquer des romans t’a-t-il incité à écrire ta propre histoire ?
Bonjour Quentin !
J’ai débuté les chroniques il y a une petite dizaine d’années, sur les recommandations d’un ami (dont je ne savais pas encore qu’il était directeur éditorial d’un site littéraire) auquel j’avais confié mon envie d’écrire (envie qui existait depuis mes 12 ans mais à laquelle je n’avais jamais répondu, n’ayant probablement ni le temps ni le courage). Il m’a alors lancé « tu devrais t’exercer en écrivant des chroniques », ce à quoi j’avais répondu « pourquoi pas », sans grande conviction et à peu près certain que je ne ferais jamais la démarche. Puis nous en sommes restés là. Quelques semaines plus tard, il me faisait parvenir un ouvrage sur le point de paraître et m’a proposé de laisser courir ma plume sur mes impressions. Je me suis pris au jeu.
Pour répondre à ta deuxième question, je dirais donc que ce n’est pas le fait de chroniquer qui m’a incité à écrire ma propre histoire mais le contraire. C’est mon envie inassouvie d’écrire ma propre histoire qui m’a d’abord conduit sur le chemin de la chronique. Puis, un jour, j’ai eu envie d’aller un peu plus loin, en posant des mots sur les histoires que me trottaient dans la tête depuis des années. J’ai choisi la plus ancienne. Voilà comment est né Angry. A l’époque, je ne savais pas que cela consommerait mes soirées et mes weekends. Tant mieux, d’ailleurs, parce que, si je l’avais su, je n’aurais probablement pas commencé. Mais une fois que j’avais donné vie à mes personnages, aussi fictifs soient-ils, je n’avais pas envie de les planter là, au milieu d’une histoire inachevée.
Dans Angry, les animaux changent du tout au tout, dont certains pour prendre leur revanche. Tu penses que tous les animaux peuvent nous en vouloir à ce point ? Que penses-tu de l’espèce humaine, et de ses déviances envers la faune qui nous entoure ?
Nous en vouloir ? C’est un euphémisme ! Le traitement que nous réservons aux animaux est innommable. Victor Hugo avait déjà dit, à son époque « L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà ». Deux siècles plus tard, rien n’a changé et l’enfer est encore plus brûlant. Nous les exploitons, nous les asservissons, nous les massacrons, et pas seulement pour nous nourrir mais aussi, et malheureusement, pour nous distraire. Nous n’avons aucun égard, aucune pitié, aucun remord. Nous n’en avons même pas pour notre propre espèce. L’histoire nous l’a prouvé. Je ne dis pas qu’il ne faut pas en consommer (la moitié du règne animal s’inscrit dans un schéma de prédation et peut-être que l’homme, de par sa génétique et son histoire, fait partie de cette moitié). Mais notre intelligence et notre conscience devraient nous inciter à amoindrir la souffrance que cette consommation provoque. Pas à l’amplifier. C’est pourtant ce que nous faisons. Et je ne parle même pas ici de l’utilisation de l’animal à des fins ludiques que rien ne justifie, de mon point de vue. Alors, oui, ils ont toutes les raisons de nous en vouloir et ils se porteraient bien mieux si nous n’existions pas.
Je serais incapable de te dire ce que je pense de l’espèce humaine. C’est une question trop complexe et tous les humains ne se ressemblent pas. Notre espèce est capable du pire comme du meilleur. Et, parfois, ces deux tendances ne sont que les deux faces d’une même pièce, ce qui complique davantage encore la donne. J’ai envie de croire que si beaucoup n’ont pas encore saisi la gravité de nos exactions, c’est parce qu’ils n’en ont pas conscience, qu’ils n’ont pas été sensibilisés. J’ai envie de croire que s’ils l’étaient, ils agiraient peut-être différemment. La vérité réside dans ce « peut-être », incertitude à laquelle je n’aurais jamais de réponse. Quant à nos dérives à l’encontre du « vivant », eh bien je pense que nous ne sommes même pas conscients que nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis (outre la tristesse que ces dérives provoquent).
Angry est un roman qui fascine autant qu’il interroge. Dans Angry : le renouveau, il y a une sphère psychologique qui se met en place avec la rencontre des Gardiens. Comment voyais-tu ce second tome, par rapport au premier ? Quels sont les messages que tu voulais absolument faire passer au travers des différents Gardiens ?
Je voulais que le tome II soit différent du tome I. Je voulais fuir la redite et ouvrir sur une thématique plus générale qui englobe non seulement les animaux, comme dans le premier opus, mais également notre propre espèce, comme dans le tome II. A travers les Gardiens et les Vertus qui les animent, je voulais souligner que nous sommes conscients de nos dérives tout en connaissant les qualités dont il nous faudrait faire preuve pour qu’elles cessent. Mais, plus j’écrivais, plus je me rendais compte qu’il ne suffit pas d’avoir conscience d’un mal pour le corriger ou le faire disparaître. Si la déviance est inscrite dans notre ADN, si elle fait partie de notre nature, nous ne la changerons pas. C’est peut-être pour ça que le tome II se finit comme il se finit.
Au cours du second tome, c’est un tout autre mode de vie que j’ai appris à contempler, un pays, l’Inde, qui a beaucoup à nous apprendre. Comment as-tu découvert cette façon de vivre ? Quelles leçons pouvons-nous tirer de ce peuple ?
Plus que l’Inde en lui-même, où j’ai séjourné, c’est le jaïnisme qui m’a captivé (dont les indiens ne sont pas tous adeptes). Sa vision est diamétralement opposée à celle de la plupart des autres religions (à part peut-être l’hindouisme duquel il se rapproche). Cette religion ne fait pas de distinction dans le vivant. Il doit, selon elle, être respecté au mieux et sous toutes ses formes. En cela, elle nous éloignerait de nos dérives. Mais je ne suis pas sûr que nous soyons en mesure de faire nôtres ses préceptes. Nos civilisations occidentale et orientale n’ont jamais pris ce chemin et leur histoire est trop ancienne, trop sédimentée, pour que nous puissions un jour les changer au point de voir la vie comme les jaïns.
Ce diptyque a été pour moi une lecture hors du commun, alors je me demande bien ce qui a inspiré cette histoire ?
Difficile comme question. L’envie, peut-être, de jeter sur le papier les pensées que j’avais sur toutes ces questions, sans donner de leçons, et sous forme romancée. Car le but n’était pas de casser la tête des lecteurs. Je voulais les distraire en instillant, parfois, des questions sur lesquelles s’attarder quelques minutes.
Dans ta vie de lecteur, quels sont les auteurs et les genres que tu apprécies le plus ?
Curieusement, ce ne sont pas les romans mais plutôt les essais (surtout sociaux-économiques) que je lis le plus. Les romans ne sont pas en reste pour autant. J’aime évidemment la lecture fantastique (et Stephen King a longtemps bercé mon imagination) mais je ne rechigne pas à lire des ouvrages d’un autre genre (policier, sentimental, etc.). A vrai dire, ce n’est ni l’auteur ni le genre qui conditionne mes lectures, mais la plume. Peu importe ce qu’elle raconte pourvu qu’elle le raconte bien (ou, du moins, comme j’aime). D’ailleurs, j’envisage de m’essayer à la littérature blanche un jour. J’ai deux ou trois idées à développer…
Envisages-tu de continuer l’écriture ? Si oui, quels sont tes prochains projets ?
Oui, j’envisage de poursuivre. Mais, ce qui me manque, c’est le temps. Ecrire n’est pas mon gagne-pain, alors je le fais sur mon temps libre qui n’est malheureusement pas extensible. Et, parfois, après une journée de travail, eh bien on ne trouve pas toujours le courage et l’inspiration. En revanche, ce ne sont pas les idées qui manquent. Je suis actuellement sur un roman (toujours fantastique) qui traite de la vieillesse et de la violence. J’ai également une idée de roman qui fera la part belle aux arbres (cet univers méconnu et fantastique – j’en ai dit quelques mots dans Angry II). Et puis, j’ai très envie de revisiter le mythe du vampire. J’ai un projet d’histoire déjà bien étayée. Mais c’est casse-gueule (pardon pour la grossièreté) car, en la matière et puisque tout a déjà été dit, il ne faut pas se louper sur tout ce qui entoure le mythe pour intéresser le lecteur au-delà de ce qu’il sait déjà et a maintes fois lu.
Et surtout, le plus important selon moi, quel serait ton plus grand rêve ?
Si je dois rester dans le domaine littéraire, je dirais probablement : être traduit en anglais et finir sur les étals des librairies américaines. Mais c’est vraiment pour me limiter au domaine littéraire. Car des rêves, j’en ai dans tous les domaines…
Pour vous faire une idée de ses romans, vous pouvez aller lire ma chronique sur le premier tome de Angry, ainsi que son second tome, baptisé Angry : Le Renouveau.
Je remercie chaleureusement Darren Bryte pour ses réponses. Je vous invite à aller le suivre dès à présent sur son compte Instagram, et également sur son Twitter.
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Je vous souhaite de bonnes lectures, et à très vite pour de nouvelles chroniques !