Les pires prédictions climatiques se sont réalisées. Presque toutes les espèces animales se sont éteintes et les Derniers Humains survivent, ignorant que l’ultime cataclysme est sur le point de balayer ce qu’il reste de l’humanité. Le destin va jeter l’un contre l’autre le prince Océrian et Astréa, née dans les bas-fonds de la cité, tous deux assoiffés de justice, embrasant leurs cœurs avant de consumer le monde.
R Jeunes Adultes – 752 pages – 19,90 euros.
Une intrigue percutante sur le thème de l’urgence écologique qui ne laissera personne indifférent !
Cela fait quelques semaines que ce roman repose dans ma pile à lire. Depuis le salon jeunesse de Montreuil en réalité, lorsque j’ai pu rencontrer Victor Dixen. J’étais venu faire dédicacer Cogito, le premier roman de cet auteur que je lisais. N’étant pas fort intéressé par Phobos, je me suis rué sur Extincta, qui promettait une belle histoire, que j’imaginais dans la même veine que Cogito. Mais où mes pensées sont-elles parties pour songer à une chose pareille ?
Lire un roman de Victor Dixen est une chose. Admirer l’objet que l’on a entre les mains en est une autre. L’illustrateur, Jim Tierney, a réalisé un travail formidable sur la couverture. Il y a plein de petits détails au cœur même de ce livre, avec une bougie qui, peu à peu, fond, pour rappeler que le lecteur connaît la fin d’entrée de jeu. Une extinction aura lieu lorsque le compte à rebours, rappelé à chaque début de chapitre, arrivera à son terme. Aussi, en bas de chaque page, les noms latins de certaines espèces animales sont citées. Pour que personne ne les oublie, car ces espèces ont disparu, à tout jamais, de notre planète. Déjà, dès le début de ma chronique, l’ambiance est folle, alors je vous laisse imaginer la suite !
Des personnages fabuleux évoluant dans un cocktail d’émotions détonnant…
Je peux vous le dire, Victor Dixen, c’est un sacré garnement ! Oui, il faut ressortir de vieilles expressions de temps à autre.
L’histoire se passe dans le futur, là où tout va bien mal pour notre bonne vieille Terre. Le réchauffement climatique n’est au centre d’aucun débat. Rien ne sert plus de savoir s’il existe ou non, puisqu’il est là, bien présent. Les effets sont catastrophiques, si bien que de toutes les terres émergées ne subsistent que les Dernières Terres. Là, de grandes cités ont été érigées pour permettre aux derniers survivants humains de vivre et d’essayer de s’épanouir. Leur mode de vie est radicalement différent du nôtre. Les corps des défunts sont transformés en humus pour recréer un semblant de terre fertile pour pouvoir y faire renaître la vie. C’est aussi un monde où les castes sont omniprésentes. Il y a les suants, qui doivent payer de leur sueur, les pleurants, qui doivent payer de leurs larmes, les saignants de leur sang, et j’en passe ! Pour qui doivent-ils payer, allez vous me dire. Eh bien, c’est pour Mère Nature. Pour implorer son pardon au travers de tous les actes criminels perpétrés par leurs descendants, qui n’ont pas su agir à temps…
J’ai été vraiment surpris de voir ce monde, propulsé dans le futur, et pourtant bien différent technologiquement de ce que l’on peut attendre d’une civilisation plus avancée. Ici, on se retrouve dans de la fantasy, presque même médiévale je dirais, tellement leur quotidien ressemble à la période du moyen-âge. Il y a donc une cassure qui se produit avec la réalité que l’on connaît. Certains noms ont changé, les langues parlées également. L’aspect religieux est partout, au cœur même de chaque cité, où les pleurants se rejoignent dans leurs Pleuroirs pour s’acquitter de leur dette envers leur Mère. Ces lieux sont emprunts de mysticisme. Leurs murs accueillent des représentations des espèces animales, classées selon leur niveau dans la chaîne alimentaire, tout comme la hiérarchie qui règne dans ce monde. Chaque individu est tatoué d’un animal, selon son degré d’importance. Ainsi, les suants, assimilés à des esclaves, ne reçoivent que des tatouages d’animaux déclarés comme étant les proies les plus faciles à chasser.
Ce roman réussit à décrire une histoire facile à suivre, tout en y incluant un nombre incalculable de détails. Je n’ai fait qu’en citer quelques-uns. En ce qui concerne les personnages, alors là, comment vous dire à quel point ils sont géniaux. Astréa et Océrian se battent en duel dans ce roman. On alterne des chapitres entre chacun d’eux, afin de percevoir ces deux points de vue bien différents. Même si l’histoire qui les relie est prévisible, j’ai tout de même été surpris par la façon dont ces deux personnages principaux se rassemblent et s’éloignent en fonction des événements. Tout part dans tous les sens, constamment. Ils vont devoir faire avec. Les protagonistes secondaires ne restent pas en retrait. Certains revêtent d’une importance majeure.
Ce roman est d’une intensité incroyable. Les scènes se suivent sans se ressembler. Chacune apporte son lot d’émotions, avec une envolée folle à mesure que le dénouement se profile. L’auteur cherche à faire passer ses messages, au travers des croyances de la population, et des démons des temps anciens qui refont régulièrement surface dans des fracas qu’il vaut mieux éviter. Tout dans ce roman est sombre. Il ne demeure que l’espoir pour guider tous les humains encore vivants vers leur destinée. Quant au final de cette histoire, franchement, c’est quelque chose. Je n’ai que rarement été aussi impacté par une lecture. J’ai eu envie d’envoyer un message de protestation à l’auteur, mais je dois avouer que, dans le fond, il a raison de faire ainsi.
Ma note : 5/5