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Science-fiction

Erectus, de Xavier Müller

By 28 novembre 2018février 13th, 2025No Comments

Et soudain l’humanité se mit à régresser…
À Richards Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc.
Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus.
Bientôt, à New York, Paris, Genève, des Homo erectus apparaissent en meutes, déboussolés, imprévisibles, semant la panique dans la population.
De quel virus s’agit-il ?
Que se cache-t-il derrière cette terrifiante épidémie ?
Une scientifique française, Anna Meunier, se lance dans une course contre la montre pour comprendre et freiner cette régression de l’humanité.
Partout, la question se pose, vertigineuse : les erectus sont-ils encore des hommes ?
Faut-il les considérer comme des ancêtres à protéger ou des bêtes sauvages à éliminer ?

XO Éditions – 440 pages – 19,90 euros.

Une envolée vers un retour aux sources, entre l’humain moderne et son ancêtre préhistorique…

Je remercie XO Éditions et NetGalley pour cette lecture qui me faisait de l’œil depuis sa sortie. Je le voyais de partout sur les réseaux sociaux, ce livre énigmatique qui rappelle l’origine de l’être humain par son titre et sa couverture évocateurs… Je ne suis pas toujours fan de ces romans de type thriller, ou même des histoires à suspense en règle générale sans un fond d’imaginaire, mais ici des genres s’entrecroisent en mêlant la science-fiction à l’anticipation tout en intégrant une enquête scientifique des plus ardues.

Le prologue nous met en haleine dès les premières lignes. Il y est question d’un vigile au nom plutôt alambiqué : Petrus-Jacobus Willems allait entamer sa dernière patrouille, aux côtés de sa fidèle chienne Chaka. Elle pressentit un danger, tellement étrange qu’elle n’osait même pas s’aventurer vers la source du problème, alors qu’elle avait l’habitude de réaliser ses missions à bien sans faire usage de précautions. Dans les locaux qu’il était chargé de surveiller, une lumière rouge s’était allumée, une alerte maximale venait de se déclencher. Son job était d’ordinaire calme et sans remous, il fut pris d’excitation à l’idée d’affronter un peu l’inconnu. Willems se tenait à l’extérieur. Trois hommes vêtus de blouses sortirent précipitamment du bâtiment, de même qu’une femme, en larmes. Le directeur du lieu fit irruption à son tour. Et il n’était pas très commode, si bien que les interrogations du vigile furent interrompues sans attendre… Il devait se charger de fermer la clôture et de déguerpir sans demander son reste.

Cathy Crabbe était prête à partir en week-end lorsqu’elle surprit un colis sur sa paillasse. Elle était responsable d’une unité de recherche sur les infections transmissibles aux animaux et s’apprêta à saluer le laborantin avec lequel elle travaillait avant de s’en aller. Il s’empressa de lui parler de Dany Abiker, responsable du refuge du parc Kruger. C’était ce dernier qui venait de déposer des échantillons pour analyse. Voulant éviter les scrupules et étant une acharnée de travail, Cathy se sentit bien obligée d’effectuer quelques vérifications avant de prendre congé. Le paquet était accompagné de photos montrant des anomalies physiques sur la peau d’un éléphanteau. Et le premier constat lui évoquait une fièvre hémorragique, à l’instar du virus Ebola.

Elle était encore loin de se douter des ravages que ferait ce virus à travers le monde

Une fabuleuse histoire d’anticipation qui sait mettre le doigt sur des sujets aussi sensibles que poignants !

J’ai été très agréablement surpris par ce roman. D’une part avec son intrigue fort intéressante, dotée de personnages extraordinaires et d’autre part avec l’évocation de sujets difficiles dont les avis divergent selon les points de vue. Évidemment, ce livre ouvre des débats, qui y sont d’ailleurs décrits, avec leurs argumentations et leurs décisions finales. Mais transposés dans la réalité, peut-être que les finalités seraient bien divergentes de cette fiction d’anticipation qui sait jouer sur la note du réalisme pour nous faire entrer dans le récit. Tout ce qui se déroule dans Erectus pourrait bien survenir d’un instant à l’autre dans notre monde moderne, qui ne semble pas préparé à toutes les éventualités. Des scènes font froid dans le dos, qui rappellent même des films de zombie bien connus, avec des modes de transmission redoutables et une incapacité de contrôle sur une pandémie de grande envergure.

L’intrigue est d’une efficacité incroyable, elle a su me faire plonger dans cet univers presque apocalyptique qui distille lentement de petites révélations pour accrocher et retenir sans pouvoir échapper des griffes de ces pages. Il y a des protagonistes qui marquent, surtout Anna et Yann, notre petit couple séparé le plus clair de leur temps à cause de leurs professions très prenantes qui les entraînent à l’autre bout du monde en permanence. Mais il y a aussi Cathy, une femme à la posture délicate qui va se démener pour mener sa petite enquête à son terme. Tant d’autres personnages sont présents dans ce récit, il y sont même très nombreux. Et même si certains apparaissent comme des lueurs dans les ténèbres, d’autres seront là pour tenter de les éteindre…

J’ai adoré l’ensemble des scènes de ce roman, et plus particulièrement les moments forts en émotion qui surviennent vers la fin. Je n’ai que très rarement été autant touché par une lecture de ce type, signe que je me suis fort attaché aux personnages à tel point d’être empathique à leurs égards. Ce livre brille par l’intelligence de ses réflexions dans des domaines scientifiques vulgarisés et rendus compréhensibles aux yeux de tous. Le dépaysement est entier alors que de nombreuses questions s’immiscent à mesure que l’on tourne les pages de cette boîte à débats. Le monde journalistique, l’organisation des grandes instances mondiales, l’économie en période de crise, la place de l’âme dans le vivant, le lien qui nous unit à la nature et à l’environnement tout comme la bêtise humaine, autant de sujets intéressants qu’Erectus met en avant, tout en laissant une trace indélébile de cette lecture.

Ma note : 5/5

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