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Fantastique

Des Œillets pour Antigone, de Charlotte Bousquet

By 22 avril 2020février 13th, 2025No Comments

Trois femmes, évoluant dans trois époques différentes. C’est au cœur de la dictature de Salazar et de l’arrivée du SIDA que les masques tombent. Des personnes révèlent la vérité, leur vérité, prennent parti pour leurs idéaux, et c’est un monde qui s’effondre, le leur.

1991, France.

En triant les affaires de sa sœur disparue cinq ans plus tôt dans des circonstances tragiques, Luzia retrouve son vieux médaillon ainsi que son journal intime. À sa lecture, elle commence à s’interroger : et si le suicide de sa sœur était lié à ce bijou et à la mort de leur tante vingt ans auparavant à Évora ?

Quand elle commence à être assaillie de cauchemars et d’hallucinations, la jeune femme se lance sur les traces de la vérité. Une quête qui la plongera dans le passé de sa famille, dans un Portugal déchiré par la dictature de Salazar…

Trois époques. Trois femmes. Trois destins.
Une volonté : être libre.

Scrineo – 352 pages – 17,90 euros.
Date de sortie : 18 juin 2020.

Un roman dont l’histoire déflagre par sa force émotionnelle !

Je tiens à remercier les éditions Scrineo pour l’envoi de ce roman. Je vous présente le second roman que je lis de cette auteure. J’ai eu, par le passé, l’occasion de découvrir Nos vies suspendues, une histoire chargée en émotions sur le thème du viol. A priori, Charlotte Bousquet traite beaucoup de thématiques liées à l’humain. Dans ce roman, elle ne déroge pas à la règle, avec une puissance dans ses propos.

Si je peux vous faire une confidence, je ne connais pas Antigone. Je ne l’ai jamais lu. Heureusement, en fin de volume, l’auteure en parle de façon succincte, histoire de comprendre le rapport avec cette autre œuvre littéraire. Je tiens aussi à féliciter Djohr, l’illustratrice, que j’ai appris à connaître grâce à cette couverture. Elle est pleine de détails, en lien avec l’histoire, et surtout visuellement éclatante, j’adore !

Une envie profonde de connaître la fin, sans laquelle on ne peut sortir de ce roman…

J’avais déjà été fort impacté par ma lecture de Nos vies suspendues. Mais là, mes sentiments diffèrent. Je n’ai pas ressenti la même chose. Ce roman regorge de davantage de force encore. Le sujet m’a attiré et m’a emprisonné. J’étais prisonnier de cette lecture. J’ai eu du mal à m’en défaire, si bien que je l’ai dévoré pour découvrir la fin au plus vite. Une fois les premières pages, assez floues, dépassées, la suite n’en est que succession de moments intenses. La force de ce roman ? Ses personnages. Authentiques. Fabuleusement réels. Je crois qu’on a atteint le summum possible de la conception de protagonistes. Moi qui n’aime pas spécialement quand il y a une profusion de personnages, j’avoue avoir été charmé. Il en est de même pour tous les liens familiaux qui les unissent. J’ai eu un peu de mal à tous les remettre à leur place. Mais cette histoire valait clairement quelques petits efforts !

Tout s’articule autour de trois personnages féminins. Chacune évolue dans une époque bien distincte. Premièrement, il y a Alma, vivant en 1971, puis Sabine, en 1986, et enfin Luzia, en 1991. Toutes ont un lien familial, même si le cas d’Alma laisse planer quelques doutes. Alma et Luzia disposent de leurs propres chapitres, où elles s’expriment directement avec leurs points de vue. Quant à Sabine, on la découvre au travers de sa sœur, Luzia, mais aussi grâce à son journal intime, dans lequel elle couche toutes ses inquiétudes et les choses mystérieuses qui lui arrivent… Oui, parce que ce roman oscille entre deux genres. Le réalisme, visible avec son aspect historique, la période de dictature vécue par le Portugal ; mais aussi le fantastique, avec l’apparition de visions, de spectres, et de phénomènes paranormaux qui s’inscrivent dans le réel, visible de tous ceux qui y prennent attention au moment venu.

J’y ai retrouvé le même schéma que dans Nos vies suspendues, avec ces apparitions un peu surnaturelles. Cela intensifie la profondeur du récit, et donne encore plus d’émotions, là où il n’y avait pas besoin d’en rajouter. Charlotte Bousquet véhicule des messages forts, engagés. Déjà contre le régime de Salazar, et de son successeur, qui a suivi le travail entrepris, en ajoutant une couche supplémentaire de lois restrictives. Ensuite, par cet aspect humain dont je vous parlais plus tôt. Luzia est homosexuelle, alors que son meilleur ami, Julien, est séropositif. Même si notre époque semble déjà plus ouverte, les préceptes de l’année 1991 demeurent encore profondément ancrés. Les mentalités évoluent, pour certaines familles, mais pas pour d’autres. Il y a le combat contre la maladie pour Julien, mais aussi le combat de Luzia, abandonnée par son père à cause de son amour pour les femmes.

Beaucoup de luttes s’enchaînent. Pour des combats personnels, familiaux, mais aussi plus vastes, avec la lutte qui s’organise contre la dictature. Des protagonistes, comme Alma, vont tenter de renverser le pouvoir en place. Mais la police veille au grain… Ce roman est aussi ponctué de références au Portugal, aux chevaux, que l’auteure semble adorer, et à nombre de musiques et de paroles, qui se retrouvent partout. L’ouïe est particulièrement mise en avant dans cette histoire, ça change ! Cette histoire implique tant de personnages que j’ai eu envie de comprendre tous les liens qui les unissaient, alors que la vérité tend à éclater… Un bijou semble au centre de tous les tourments. Et si tout n’était que manipulation, pour taire les vraies raisons, inavouables ?

Ma note : 5/5

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