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Science-fiction

Cité 19 – Tome 2 : Zone Blanche, de Stéphane Michaka

By 26 novembre 2018février 13th, 2025No Comments

Faustine, une adolescente d’aujourd’hui, se retrouve brusquement plongée dans le XIXe siècle. Décor grandeur nature ? Voyage dans le temps ? La réalité est bien plus inquiétante…

Tandis qu’elle s’enfonce dans les profondeurs de Cité 19, une ville qui ressemble à s’y méprendre au Paris du Second Empire, Faustine découvre qu’elle n’est pas la seule à vouloir détruire le simulacre.
Mais elle doit faire vite : dans son laboratoire secret, le docteur Zapruder, qui a d’autres projets pour elle, guette le moindre faux pas de l’adolescente…

Pocket Jeunesse – 426 pages – 17,90 euros.

Un périple mouvementé entre deux mondes, entre deux réalités espacées par les siècles…

Me revoici parti dans l’univers de Stéphane Michaka et son diptyque nommé Cité 19. Après avoir adoré le premier tome de cette série affublé du titre de Ville Noire, c’est avec beaucoup d’attentes que je me suis lancé dans la suite – et même la fin – de ce monde impétueux où tout est bouleversé par le temps et les époques. Le XIXème siècle est une période intéressante et riche qui fait fourmiller cette saga de détails passionnants dont le genre oscille allègrement entre la science-fiction et l’uchronie.

C’est au beau milieu de la nuit que Faustine quitta son hôtel particulier. Échouart avait tenté d’emmener Faustine dans la haute société parisienne, où la luxure côtoyait l’accomplissement des désirs. Parvenant sur le boulevard du Temple, la foule y était encore présente, alors que tous les anciens tracés de la capitale avaient succombé sous les coups de pioche du baron Haussmann. Paris était métamorphosée et dotée de grands axes, contrastant avec son passé peu glorieux par son organisation anarchique. Faustine tomba sur un homme qui évoquait un objet étrange, une lanterne magique, et, à ses côtés, une pancarte montrant une montgolfière qui survole la capitale. Cet homme semblait vendre des escapades inédites au dessus de Paris, chose impensable jusqu’alors. Il mit sa lanterne en fonctionnement pour projeter sur un drap blanc une photo de la ville vue du ciel. Mais l’image se modifia et zoomait sur des portions de la capitale, alors que l’invention d’un tel système d’agrandissement n’était intervenu que bien plus tard. C’est alors que des mots apparurent, lourds de sens, avec une scène déroutante où des personnes étaient enfermées dans un lieu méconnu, occupés de rêver…

Dans son Panoptique, Zapruder surveillait l’ensemble des plate-formes de son grand projet. Il pouvait contempler les images de sa cité du XIXème siècle sous toutes les coutures depuis les quelques écrans qu’il avait à sa disposition. Plus que des images, il pouvait même écouter les sons à l’aide de son agrégateur, qui combinait l’ensemble des paroles et des bruits de la ville pour former une mélodie qu’il ne se lassait pas d’écouter. Zapruder était enfoui dans ses rêveries lorsqu’il fut interrompu par un membre de son équipe. Lucie Van Dinh demandait à le voir, suite à l’activation d’un code Prisme. Cette dernière avait été recrutée par Zapruder pour ses talents hors-du-commun, à seulement dix-sept ans, elle avait choisi de travailler pour le grand projet de son patron en mettant un terme à son doctorat. Lucie avait choisi de dévoiler une vérité à Zapruder. Un traître figurait parmi eux. Une personne qui se permettait d’aller au-delà du protocole et de tenter une interaction avec les dormeurs. Et ce traître n’était autre que sa directrice adjointe, avec laquelle il a tout conçu, avec laquelle il partage sa vie, Sylvia.

Une histoire familiale peu habituelle qui s’immisce dans les affaires d’un homme d’affaire douteux…

Ce second tome se révèle être différent de son prédécesseur. On se sent moins ancrés dans le Paris du XIXème siècle, même si la majeure partie de l’intrigue y prend cours. La réalité rattrape le rêve et s’insère de plus en plus dans le récit. Cela permet de comprendre les enjeux du projet C.I.T.É et de découvrir la personnalité de personnages qui n’étaient pas tellement mis en avant dans le premier opus. J’ai tout de même préféré m’enrichir des détails de cette époque du Second Empire lors de la lecture de Ville Noire, ici, l’histoire suit son cheminement et les aller-retours entre la réalité et le rêve se font plus insistants, pour souligner que des dangers sont à venir, alors que des révélations sont contraintes d’être faites et que des choix cruciaux vont être réalisés.

Il y a des personnages qui émergent davantage dans cette intrigue. Faustine, évidemment, qui demeure la héroïne principale et qui prend en assurance à mesure de ses expériences dans le monde de Cité 19. Son destin au cœur de ce grand rêve commun la rend attachante et prête à tout pour s’accorder les faveurs de certains et tenter de dénicher la vérité, là où les faux-semblants sont monnaie courante. Morgane demeure un personnage à laquelle on attache de l’affection par les événements qui vont venir bouleverser sa petite existence habituelle d’antan, même si elle mérite d’être quelque peu détestable en vue de ses paroles dans le premier tome ! Vikram, quant à lui, est touchant par ses actions pour retrouver Faustine et ne démérite en rien de ses actes héroïques. Sylvia, tout comme Zapruder, prennent une consistance dans le récit et nous dévoilent leurs intérêts et leurs ambitions.

Ce diptyque, et plus particulièrement le premier opus, m’ont laissé une excellente impression. J’ai adoré me laisser porter dans cette histoire étonnante, qui vogue entre deux temps, où les détails sont riches et où les idées sont originales et développées avec beaucoup de soin. L’ensemble des choses qui gravitent autour des rêves, des avatars et des plate-formes – sans oublier la plate-forme secrète – sont rudement bien expliquées et surtout très intéressantes. Il y a quelques messages derrière cette lecture, comme sur l’importance de la famille dans le monde du travail ou encore la place que l’on donne aux animaux sur l’échelle de l’intelligence. Voilà de quoi laisser un peu de matière à réfléchir alors que le rêve laissé par ce diptyque s’achève

Ma note : 4,5/5

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