Après un voyage éprouvant qui a amené leur organisme au bord de l’épuisement, cinq astronautes explorent la surface de Mars, dans l’espoir de poser les fondations d’une première colonie. Tout y est désolation et poussière ; même sous serre, les végétaux ont du mal à pousser. Dans cette ambiance d’entre-monde, apparaît soudain l’être qu’ils n’auraient jamais imaginé : un chien énorme et invisible. Le molosse creuse dans leur âme et déterre des souvenirs qu’ils croyaient oubliés à jamais. Sur les pentes du volcan Olympe, il partent à la recherche de leur humanité…
Riveneuve – 148 pages – 16 euros.
Une histoire poétique, rédigée comme un conte, sur la conquête de Mars par les tous premiers colons Terriens !
Je tiens à remercier les éditions Riveneuve, ainsi que l’opération Masse Critique de Babelio pour l’envoi de ce roman. Lors de cette dernière sélection de livres sur le site de Babelio, j’ai effectué peu de choix, avec l’envie profonde que ce soit ce texte qui parvienne jusqu’à moi. Cette histoire m’avait beaucoup inspiré, et je pense que, quoi qu’il advienne, j’aurais dû me le procurer d’une façon ou d’une autre !
Parfois, en quelques occasions, la falaise transpire une eau saumâtre. Au contact de l’air glacial, l’eau s’évapore. Il ne reste que le sel qui se transforme en cristaux aussi gros qu’un ongle. Ils peuvent même grandir jusqu’à former la taille d’un poing. Ces formes salines peuvent vivre de trois à quatre semaines. Ainsi, pendant toute leur durée de vie, ils diffractent les rayons du soleil pour créer un effet des plus magnifiques. La nuit, ces minéraux regagnent en humidité, qui se résorbent ensuite dès le lever du soleil. Dans cette cuvette, les cristaux forment des arcs-en-ciel qui apparaissent sur toutes les parois et toutes les aspérités. Quand je me sens seule, je me rends dans ce canyon. J’y ai même installé des caméras pour pouvoir m’y rendre lors des meilleurs moments, là où la beauté devient presque magique.
Depuis peu, j’ai commencé un nouveau projet. Je construis une maison avec des briques de terre crue que j’extrais du permafrost. Avec tous ces efforts que je dois réaliser, je me fatigue vite et la construction me prend plus de temps que prévu. Je dois aussi entretenir les serres, qui abritent une vie terrienne toute relative. Seules les espèces les plus coriaces ont été sélectionnées pour être plantées ici, ou alors des plantes génétiquement modifiées qui ont toutes le point commun de pouvoir être consommées. Seule sur cette planète, je sais que d’ici dix ans, peut-être que des songes reviendront chercher mon corps pour l’étudier sous toutes les coutures. Pour comprendre comment survivre à ce monde hostile, et encore peu compris. Les terriens iront toujours plus loin dans la conquête. C’est ce moteur qui fait tourner l’humanité malgré les pertes engendrées. Ce moteur qui fait avancer le genre humain.
Un récit porté par de belles réflexions et par une humanité qui tend à devenir Martienne…
Ce récit est un sublime mélange de poésie et de conte mythologique. La forme de ce texte est bien différente de ce à quoi je m’attendais. Je pensais lire de la hard science-fiction, mais pas du tout. Je me suis laissé porter par une poésie présente dans chacun des mots de l’auteur, choisis avec soin pour décrire le monde Martien tel qu’il le serait après l’arrivée de quelques colons humains. Je suis entré dans un monde totalement méconnu, où la science-fiction se mêle au fantastique, qui est d’ailleurs très présent. Il y a ça et là des incursions liés à la mythologie, tout comme quelques références bien cachées qui permettront à tout lecteur avide de connaissances de se documenter et d’aller encore plus loin. C’est un roman qui développe beaucoup de pensées, et qui donne matière à réflexion. Quelle est la place de l’humanité terrienne dans un autre monde ? Comment les corps peuvent tenir face aux assauts répétés des éléments d’une autre planète ?
Chaque astronaute a sa propre spécialité, même s’ils sont interchangeables pour mener à bien leur mission de conquête. Car oui, la conquête de Mars était bien l’objet officiel de leur présence en ce lieu. Mais qu’en est-il en réalité ? Une présence mystérieuse aurait été détectée, comme une vie sur la planète rouge, pourtant inhospitalière et rongée par la poussière. Il y a cette ambiance particulière tout au long de la lecture de ce récit. Cette ambiance d’enfermement, à la fois physique et psychologique. Vivre sans scaphandre et sans leur module de vie était inconcevable, tout comme leurs pensées qui commençaient peu à peu à se brider, pour répéter inlassablement les mêmes gestes pour assurer leur survie, comme des automates correctement programmés.
J’ai adoré pouvoir suivre l’histoire de ces cinq astronautes dépêchés sur Mars. L’auteur décrit cette nouvelle humanité, ce nouveau monde plein de mystère, avec beaucoup de sensibilité. Je me suis senti pris dans un filet, avec l’impossibilité de m’en échapper. Ce texte est fabuleux, et donne envie de découvrir le fin mot de l’histoire. Les éléments perturbateurs arrivent peu à peu et créent beaucoup de suspense. Un sentiment horrifique et d’angoisse se ressent parfois, alors que des événements surviennent bien loin du berceau terrien. Tout prend une ampleur bien différente dès lors que l’on se retrouve loin de tout. C’est un récit poignant d’humanité, où l’horreur de la mort se frotte au bonheur de la vie…
Ma note : 5/5